A partir du le 26 décembre 1899, les magasins de vente et la brûlerie par force motrice des cafés Moreau sont transférés 17 rue de Pont à Moulins. Il est également possible de se procurer les cafés Moreau chaque mardi, vendredi et dimanche au marché couvert. Les entrepôts se trouvent au Havre.
Eugène Moreau annonce une dégustation gratuite, sans confort, ni luxe. Il vend son café à 50, 55, 60 centimes le quart de la fleur du café et à 35, 40, 45 c pour la qualité ordinaire.
Eugène Moreau, propriétaire et commerçant, est l’inventeur de cette méthode de vente qui lui a valu les félicitations d’un président de la République (Félix Faure ou Emile Loubet), d’un ministre du commerce ainsi que de nombreux hommes célèbres et de grands économistes. Il l’a mise au point le 28 décembre 1897 alors qu’il était à l’étranger. Il travaille sans frais de représentants ni de commissions et brûle lui-même ses cafés avec la machine qu’il a inventée.
Eugène Moreau écarte tout principe capitaliste et ne pense qu’aux prix bas. Il estime que lui, petit marchand de café, a fait économiser en trois ans 160 millions de francs à 8 millions de consommateurs malgré la coalition formée contre lui de Dunkerque à Besançon, de Charleville à Moulins et de Brest à Périgueux (ce sont ses termes). Il explique que dans plus de deux cents villes, il refuse l’exploitation de la popularité que son petit banc de café au marché lui a assurée et tient bon contre vents et marées. Sa force réside dans sa volonté d’imposer la baisse des prix du café dans une ville nouvelle à chaque fois.
Arrivé à Moulins fatigué par ses voyages et une mauvaise alimentation, il choisit de s’y installer en restant en relation avec ceux qui continuent son œuvre ailleurs en France dans au moins trente départements.
Le vendredi 27 avril 1900, Eugène Moreau ouvre son épicerie au marché couvert tous les jours. Produits de choix et de première fraîcheur, assortiment complet de produits seront présents dans son emplacement exigu. Un acompte de 10% sera consenti à tout acheteur d’au moins 20 francs de marchandise. Chaque paquet portera une étiquette qui pourront être conservées pour une remise supplémentaire en fin d’année.
A la fin de l’année, vendredi, dimanche et mardi, il Moreau fait des cadeaux à tout acheteur d’une demi-livre de café : trois calendriers « mignons », des images et un petit livre traitant du café. En février 1901, les cadeaux sont de retour. Cette fois, ce sont des fleurs, des mandarines achetées par ses soins dans le sud de la France. Il mettra en vente des pommes de terre nouvelles à six sous la livre.
Mais, en avril, il révèle que ses fournisseurs refusent de lui livrer la marchandise car il fait concurrence aux autres vendeurs qui s’approvisionnent chez eux. Jusqu’au au 15 mai, il liquidera à n’importe quel prix les sardines, bonbons, moutarde, biscuits Germain de Lyon, 2 000 kg de prunes, du saucisson de Lyon, du raisin Malaga pour se recentrer sur la vente de café, thé, chicorée et chocolat.
Fin octobre 1907, Eugène Moreau répond aux clients qui ont insisté pour qu’il conserve, malgré son départ au service militaire, sa vente à prix réduits de café à Moulins. Il explique qu’il a refusé plusieurs offres d’achat pour leur donner satisfaction. Après avoir fermé ses succursales ailleurs dans le pays, il a garanti la livraison de bons cafés pour trois ans, a perfectionné son brûlage et laissé la gérance de son magasin moulinois à M. Mallet. Il revient sur le très bon accueil qui lui a été réservé par les Bourbonnais à son arrivée le 4 novembre 1898.
Il est à noter qu’il existe encore un torréfacteur dans cette petite rue de Moulins.
Louis Delallier