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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

1942, pénurie de graines potagères annoncée

Publié le 30 Novembre 2015 par Louisdelallier

Livre de jardinage de Jean-Marie C., mon grand-père (Photo Louis Delallier)

Livre de jardinage de Jean-Marie C., mon grand-père (Photo Louis Delallier)

Le 15 février 1942, monsieur Charbin, secrétaire d’Etat au ravitaillement fait un discours devant la chambre de commerce de Lyon. Conscient des difficultés de la population pour s’alimenter correctement, il veut que la France triple sa production de légumes. Il encourage le développement des jardins ouvriers et familiaux.

La Société des jardins ouvriers de Moulins-Yzeure a déjà fait un effort important dans ce sens. Ses adhérents ont travaillé d’arrache-pied pour tirer le meilleur parti de leur jardin. Le résultat est à la hauteur. Mais pour en arriver là, il faut des graines et en quantité suffisante. Le temps des semis de printemps approche et les demandes de graines augmentent.

Chez monsieur Mallet, grainetier rue de Wagram, les graines potagères ne manquent pas encore, sauf celles de choux-raves introuvables parce qu’elles sont presque toutes importées d’Angleterre et des pays scandinaves. Le magasin reçoit beaucoup de clients tous les jours et de nombreuses commandes sont adressées par courrier. Les employés s’activent à la préparation des paquets.

L’approvisionnement chez les fournisseurs devient difficile, car à Paris et dans d’autres grandes villes, on a ramassé toute la production maraichère y compris les légumes destinés à recueillir des graines. Par exemple, les semences de chou-fleur, d’oignon et de petit oignon dit « Le renard », vont manquer. Les graines de luzerne et de ray-grass pourraient se faire rares. Les livraisons de graine de betterave seront réduites bien qu’un centre de production se trouve dans l’Allier. La blanche ovoïde de Bessay (betterave fourragère champêtre dite aussi de disette) est bien connue des jardiniers.

Moulins, considéré comme un centre de graineterie important, ne suffira pas en ces temps de pénurie. En effet, les jardiniers et cultivateurs qui récoltaient leurs graines préfèrent, depuis assez longtemps, les acheter car elles proviennent de cultures sélectionnées. De plus la catégorie des jardiniers débutants fait son apparition. Certains n’hésitent pas à demander 500 grammes de graines de carottes pour un jardin de 400 m2… Les marchands doivent faire preuve de vigilance et multiplier les explications pour éviter que le gaspillage n’aggrave la situation. Un autre phénomène se développe. Des employés qui bénéficient du transport gratuit, autrement dit les cheminots, viennent de Paray-le-Monial, Montchanin, de La Machine, de Saincaize, d’Orléans et même du Mans pour se procurer des graines. Cet afflux d’acheteurs supplémentaires affaiblit les réserves.

Monsieur Dumontet de la maison Legrand et Cie, place Maréchal Pétain (place d’Allier) ne constate pas de pénurie, mais constate, lui aussi, qu’on achète trop. Une cliente lui a demandé 100 grammes de graines de choux pour un jardin de 400 m2 dont la récolte ne nourrira que son mari et elle.

Monsieur Dumontet espère satisfaire la demande en petits pois. Les haricots ne seront mis en vente qu’en mars sur instructions impérieuses du groupement interprofessionnel de répartition des produits indispensables à l’agriculture présidé par monsieur Legrand, propriétaire du magasin. Le trèfle jaune des sables, la minette font défaut. Le trèfle hybride, la luzerne, la betterave se raréfient. Les cheminots tentent aussi leur chance

Chez Legrand. L’un d’entre eux a voulu acheter dix paquets de graines d’oignon et de laitue. Le refus de vente n’est pas de mise, mais la réduction des quantités s’impose.

Dans les graineteries, un tableau indique les quantités à fournir selon les catégories d’acheteurs.

Louis Delallier

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