Pour commémorer le 20e anniversaire de l’Armistice de 1918 qui suit les accords de Munich, le gouvernement français décide qu’une flamme sacrée brûlera devant le monument aux morts de chaque préfecture. Il s’agit de resserrer les liens nationaux dans un contexte européen très tendu. La nuit de Cristal qui aura lieu du 9 au 10 novembre en Allemagne et dans les territoires annexés comme l’Autriche sera un signe tragique de l’imminence du danger.
À Moulins, un comité départemental des fêtes de l’Armistice est nommé par l’office départemental des mutilés et anciens combattants. Il se réunit le 24 octobre sous la présidence du préfet. Le programme officiel se déroulera en plusieurs temps forts :
1er novembre à 10 h : cérémonie d’allumage de la Flamme à Moulins.
10 novembre à 13 h 15 : transmission de la Flamme au flambeau qui sera porté à Paris par une délégation.
11 novembre : cérémonie du souvenir à Paris et à Rethondes
13 novembre à 17 h : transmission à la vasque du monument à Moulins de la Flamme allumée à la tombe du soldat inconnu à Paris.
Le 1er novembre, la foule est présente devant le monument de la guerre de 14-18. La plupart des autorités civiles, militaires et religieuses ont répondu à l’appel du souvenir : Messieurs Adam préfet de l’Allier, Damelon secrétaire général de la préfecture, Picquet-Pellorce, commandant d’armes, Lançon commandant de gendarmerie, Lefour capitaine, Sallantin, commandant, Boyer, commandant des gardes, Ferboeuf et Tadéï, capitaines, Hivet, commandant de réserve, Panassière capitaine, Perraut président de l’A.G.M.G., Carpentier de l’Office national des combattants, le chanoine Lépée etc.
Après les honneurs rendus par la Garde républicaine, à 10 heures, une flamme s’échappe de la vasque reliée à la canalisation de gaz. Cette vasque est l’œuvre de la maison Galfione d’après un dessin de Monsieur Dagois. Le moment est solennel. La sonnerie aux morts, la minute de silence et le défilé silencieux devant la flamme ravivent l’émotion du drame humain que fut la Grande guerre. Aucun dépôt de gerbes ou de couronnes n’est autorisé. L’absence de représentants de la municipalité, très remarquée, est du plus mauvais effet sur la population. René Boudet, maire, répondra le lendemain qu’il s’agissait d’un oubli…
Le 10 novembre, une courte cérémonie réunit devant le monument aux morts les délégués qui vont se rendre à Paris : MM Saladin de l’Union nationale des combattants de Vichy et Raynaud de l’A.G.M.G de Moulins, Mme Jacques Ferdinand de l’Union fédérale de Montluçon, veuve de guerre, MM Pierre Lacarin, orphelin de guerre et ancien combattant et Jean Montbertrand de Moulins. M. Raynaud allume le flambeau porté par M. Lacarin. La Sonnerie aux morts et le Cessez le feu précèdent le départ de la délégation par l’express de Paris à 14h 06. Cette fois, René Boudet, maire de Moulins accompagné de Camille Planche député, se trouve bien aux côtés des autres personnalités comme MM Adam préfet de l’Allier, Picquet-Pellorce, commandant d’armes, le chanoine Beaumont représentent l’évêque de Moulins, Lançon commandant de gendarmerie, Vallières colonel, Perraut, Dagois, Plumet, Laurent, et Mallet, président honoraire du tribunal.
Le 11 novembre, Moulins fête le 20e anniversaire de la Victoire comme il se doit tandis que les flambeaux des provinces françaises, des colonies, des pays alliés, des pays du protectorat se rassemblent à Paris. À 8h 45, 160 torches sont déposées dans une des salles du Grand Palais. Auguste Champetier de Ribes, ministre des anciens combattants et des pensions, prononce une allocution.
Un peu avant 10 heures, se déroule une cérémonie devant la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de triomphe en présence d’Albert Lebrun, président de la République et d’Édouard Daladier, président du conseil et ministre de la guerre. Des coups de canon résonnent et le défilé des mutilés, des anciens combattants, des pupilles de la nation, des troupes peut alors commencer pour se rendre place de la Concorde.
A 13h 30, les porteurs des 160 flambeaux partent pour Rethondes dans des autobus. Au carrefour de la Victoire, Monsieur Alexandre de la Comédie française, président des comédiens anciens combattants, évoque la signature de l’Armistice juste 20 ans avant. La chorale des anciens combattants de Tourcoing se fait entendre. Puis, se succèdent la sonnerie aux morts et une minute de silence. La Marseillaise retentit enfin. Les flambeaux ont été exposés dans la clairière durant la commémoration.
À 17 heures, les participants reprennent le chemin de Paris. La veillée d’honneur commence à 21 heures autour de la Dalle sacrée dès que toutes les délégations ont pris place devant la tombe du Soldat inconnu. Les porteurs de flambeaux défilent de chaque côté et Auguste Champetier de Ribes rallume un à un chaque flambeau. À 23 heures, le général Weygand ranime la Flamme. Un quart d’heure plus tard, la célébration se termine par une Marseillaise vibrante, arrivant de toutes parts. La ferveur patriotique est à son maximum. Chaque délégation remporte sa flamme sacrée au Grand Palais avant de repartir pour sa province ou son pays.
Le 13 novembre, la délégation moulinoise revenue de Paris rallume la flamme du monument aux morts de la Grande guerre. Les fanions sont inclinés au moment du rallumage par Monsieur Lacarin. On revoit Messieurs Adam, préfet de l’Allier, Damelin, secrétaire général de la préfecture, Chorier, Picquet-Pellorce, commandant d’armes, Boyer, commandant des gardes, Robert Perraut président de l’A.G.M.G., Belot, Dagois, Carpentier de l’Office national des combattants et d’autres personnalités civiles, militaires, religieuses.
Louis Delallier