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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Été 1908, que la fête des Cours commence !

Publié le 30 Juin 2016 par Louisdelallier in Fêtes

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

C’est la première d’une très longue série.

Le lundi 29 juin 1908, les Moulinois et habitants des environs découvrent les baraques des forains alignées le long des Cours. A l’entrée de la fête, côté théâtre, on passe sous un portique lumineux et coloré. Tous les éclairages sont soignés pour une plus grande originalité.

Le 30 juin en soirée, la société des trompes de la Saint-Hubert de Vichy se produit en plein air et joue Le gai Vichyssois, Le grand retour, L’écho des montagnes, Retour de chasse et Chiffonnette. Chaque morceau est suivi d'airs de chasse.

César Casoli directeur du carrousel à vapeur, installé place de l’évêché (à l’arrière de l’actuel tribunal d’instance) ouvre tous les après-midis pour les familles qui voudraient éviter de trop attendre en fin de journée (10 centimes la place). Il annonce un changement du programme de l’orgue-orchestre chaque soir. Et il offrira l’intégralité de sa recette du vendredi soir suivant aux pauvres.

Le jeudi 2 juillet, les enfants sont doublement à la fête. A 15h30, sur le cours du théâtre, c’est le lâcher de ballons-surprises porteurs d’un ticket-prime récompensant par un lot celui qui trouvera le ballon. En même temps, on laisse s’envoler des ballons qui ressemblent à des dirigeables, des poupées, des pantins grotesques etc. Peu après, près du kiosque à musique, on organise des concours de ciseaux pour les filles, de ballons cassés pour les garçons, des courses au cerceau, une pour les garçons et une pour les fillettes. Les vainqueurs reçoivent des lots et tous peuvent manger des parts de gâteau et se rafraîchir gratuitement.

La journée se termine par un bal champêtre avec orchestre du Bourbonnais composé de vielles et de musettes. Les enfants y sont admis costumés ou non.

Le lendemain à 20h 30, le kiosque sert de cadre à des démonstrations réalisées par les membres du club sportif : boxe, canne (sport de combat), lutte, poids et haltères.

Le 4 juillet, le temps est toujours aussi radieux. Le théâtre-cinématographe Bazola qui vient de s’installer a fait salle comble dès la première représentation. Vers 21 heures malgré l’orage, les pompiers mettent en scène un faux incendie du théâtre et procèdent à des exercices de sauvetage très professionnels. La musique est toujours de la partie avec MM Dupuis père et fils de Châtel-de-Neuvre et M. Pacouret de Viplaix, vielleux et cornemuseux. Ils régalent même la clientèle d’un café de l’avenue de la gare jusqu’à 1h du matin.

Dimanche est le dernier jour des attractions qui ont connu un formidable succès. A 14h 30, le Challenge du tour de Moulins s’élance du café américain, cours Anatole-France, où l’arrivée sera jugée après un tour de Moulins. Cette course pédestre est organisée par le Football-club moulinois. Le peloton d’avant-garde de Nevers en sort vainqueur.

Puis, on va à la gare d’où partira le défilé des véhicules fleuris à 16h 30 emmené par un peloton de cyclistes dont les vélos sont tous décorés. Viennent ensuite le peloton d’avant-garde de Nevers (tambours et clairons), des bicyclettes, la Lyre bourbonnaise de Bourbon-l’Archambault, la compagnie des sapeurs-pompiers, des voitures de livraisons, la société de gymnastique La Bourbonnaise, des voitures de toute sorte, la Lyre moulinoise, des voitures à traction automobile, l’ambulance et le char de Bacchus. Un groupe de brouettes fleuries poussées par des petites-filles est très remarqué. Les cliques jouent pendant tout le parcours qui passe par le théâtre, une partie des cours, suit les rues Diderot, François-Péron, de l’Horloge, d’Allier, fait le tour de la place d’Allier et revient au théâtre par les rues de Pont, de Wagram et Bréchimbault.

A 20 heures au kiosque, la Lyre bourbonnaise de Bourbon-l’Archambault montre tout son talent dans un grand concert dont les morceaux joués sont bel et bien passés de mode : La Muse en fête (Sciapi), Jeanne Maillotte ouverture (Reynaud), Le retour à la vie, grande valse (Chabas), Les Cadets de Brabant (Jellenick), le retour au foyer (Violo), Emma Livry, polka pour clarinette (Pirouelle) soliste G. Guet.

Pour faciliter le retour des spectateurs le dimanche soir, les horaires du train spécial Moulins-Bourbon sont modifiés à la demande du comité des fêtes : Moulins départ 23h 15 - La Madeleine 23h 22 - Patry (arrêt) 23h 30 - Coulandon - Marigny 23h 41 - Saint-Menoux 23h 54 - Agonges (halte) 0h 03 - Bourbon arrivée 0h 14.

Quelques critiques toutefois apparaissent. Certains considèrent que le refus du comité des fêtes d’accueillir plusieurs forains par manque de place n’est pas recevable. En effet, l’espace est vide entre le café chinois (angle des Cours et de la rue des Potiers - à peu près face au café américain - on aperçoit encore des traces du mot BANQUETS sur la façade) et la rue Diderot, alors que les stands sont entassés vers le théâtre et gênent la circulation. D’aucuns ajoutent même que le vide a été fait autour du kiosque à musique pour ne pas déranger le sommeil de quelques-uns des habitants du quartier !

D’une durée d’une semaine à sa création (du dimanche après le 24 juin au dimanche suivant inclus, puis du dimanche précédant le 14 juillet au dimanche suivant par arrêté du 20 décembre 1913 pris par le maire de Moulins, monsieur Darfour, ou du 7 au 14 juillet quand le 14 juillet tombe un dimanche), elle passe à deux semaines en 1924 (arrêté de monsieur Blanc, maire) du 1er dimanche de juillet au 3ème dimanche inclus.

La fête foraine existe toujours à Moulins, du 1er samedi du mois de juillet au dimanche de la semaine suivante. Mais, ce n’est plus la « fête des Cours ». En 2006, à la suite de la rénovation des cours, elle fait un passage éclair et déplorable au parc des Isles à Avermes. Elle est ensuite envoyée à la plaine des Champins jusqu’en 2011. Le public n’est pas au rendez-vous et, en 2012, les forains s’installent place Maréchal de Lattre de Tassigny près du centre-ville.

Louis Delallier

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