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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Une « place des Vosges » à Moulins et une rue « Moulins-sur-Allier » à Saulcy-sur-Meurthe

Publié le 12 Janvier 2019 par Louisdelallier in Guerre 39-45

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Il ne reste plus que ces deux appellations pour rappeler le lien fort unissant les deux départements et leurs habitants après la Seconde guerre mondiale.

En effet, dès la Libération, le comité Bourbonnais-Lorraine se constitue pour venir en aide à la population vosgienne terriblement touchée par les bombardements, l’occupation et les exactions commises par l’armée hitlérienne avant de quitter son territoire. Le fondateur du comité est Georges Biquet (1905-2002), natif de Monthureux-sur-Saône dans les Vosges et installé à Moulins.

Dès mars 1945, le département de l’Allier adopte les 28 communes vosgiennes suivantes :

Anglemont : Lurcy-Lévis

Anould : Montluçon, Commentry

Brouvelieures : Montmarault

Brû : Varennes

Clefcy : Saint-Pourçain

Corcieux : Bourbon-l’Archambault

Cornimont : Lapalisse, Le Donjon

Domptail : Huriel

Fremifontaine : Neuilly-le-Réal

Gérardmer : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

Gerbépal : Chantelle

Housseras : Cérilly

Jeanménil : Moulins, Souvigny

Kichompré : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

La Bresse : Chevagnes et Dompierre

La Forge : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

Le Tholy : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

Liezey : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

Nossoncourt : Marcillat

Rehaincourt : Le Montet

Saint-Benoît-la-Chipotte : Jaligny

Saint-Léonard : Ébreuil, Gannat

Saint-Pierremont : Hérisson

Saulcy-sur-Meurthe : Moulins, Souvigny

Travexin: Lapalisse et le Donjon

Xonrupt-Longemer : Vichy, Cusset, Escurolles, Le Mayet-de-Montagne

Xoulces: Lapalisse, Le Donjon

Saint-Dié-des-Vosges : ?

Georges Biquet met toute son énergie à la recherche de fonds pour les aider à se relever de tant de destructions et de souffrances. Il réussit l’exploit de réunir 70 millions de francs pour nos compatriotes de l’est qui ont subi de plein fouet, et à trois reprises, les guerres franco-allemandes et leurs conséquences désastreuses. L’Allier sera aussi une terre d’accueil pour des milliers de petits vosgiens qui, le temps d’un été, y trouveront un dépaysement salutaire.

Le 30 mars 1952, les communes de Jeanménil et de Saulcy-sur-Meurthe offrent chacune une plaque gravée pour manifester durablement leur reconnaissance à la commune de Moulins, leur marraine. Elles sont toujours accrochées sous le porche de l’hôtel-de-ville. 

Deux ans et demi plus tard, le samedi 25 septembre 1954, Jeanménil inaugure son foyer de rural pour lequel Moulins a versé 3 millions de francs.  Les œuvres sociales locales, les mutuelles agricoles, les syndicats, les associations sportives, les cours postscolaires agricoles et ménagers y seront abrités durablement. Messieurs Laurain, maire de Jeanménil, et tout son conseil municipal, Segaud, préfet des Vosges et Villemin, président du conseil général des Vosges, témoignent toute leur reconnaissance aux représentants moulinois que sont messieurs Tinland, maire de Moulins, Loizel, Boyer, Thomas, Wolf, Mlle Bidault, adjoints. Messieurs Rougeron, président du conseil général de l’Allier, et Mazerolles, président du comité, sont excusés. Monsieur Biquet, bienfaiteur des 28 communes, rappelle dans son discours que « la communauté morale, spirituelle, matérielle et d’interpénétration au cours des siècles [entre les deux départements] ont favorisé cette mutuelle compréhension ». Messieurs Tinland, Loizel, Rougeron, Mazerolles et Biquet sont, en outre, faits citoyens d’honneur de Jeanménil.

Moins d’un an plus tard, c’est au tour de Moulins d’inaugurer un lieu qui demeurera le témoin de la solidarité et de l’affection entre Allier et Vosges. C’est le vendredi 8 juillet 1955 que la place des arcades au chevet de la cathédrale devient la place des Vosges. A 10 heures, Georges Rougeron, président conseil général de l’Allier, reçoit une délégation en préfecture au cours d’une séance très solennelle. A 10h 30 Georges Biquet, secrétaire général du comité, remet une plaque commémorative, encore visible dans le hall de la préfecture. On peut encore y lire des nombres terrifiants : 458 tués, 2 739 déportés, 6 415 immeubles détruits (Sur les 532 communes du département des Vosges, 107 ont été saccagées par l’occupant à l’annonce de sa défaite).

Puis sur une place des Vosges aux couleurs nationales, une jeune Vosgienne et une jeune Bourbonnaise en costume traditionnel symbolisent l’union des départements. La Lyre moulinoise joue une Marseillaise enflammée juste avant le mot de bienvenue de monsieur Tinland, maire, et l’allocution d’André Barbier, député des Vosges. Le souvenir des guerres et l’hommage aux soldats se poursuit avec un dépôt de gerbes par le préfet des Vosges et Georges Rougeron au monument aux morts du jardin de la gare.

Un réconfortant vin d’honneur à l’hôtel de ville vers 11h 45 et un déjeuner à l’hôtel de Paris à 12h 30 finissent de sceller l’amitié.

En plus de la création du foyer rural de Jeanménil, cité plus haut, le comité peut s’enorgueillir d’avoir favorisé la construction des foyers de Saulcy-sur-Meurthe et d’Anould, du centre médico-social de Gérardmer et du pavillon du lait à Saint-Dié. Il s’est aussi activé pendant de nombreuses années pour collecter des dons et du matériel et a contribué au paiement de journées de colonies de vacances et de placements familiaux temporaires pour les enfants. A titre d’exemple, en 1949, le samedi 14 mai, dans le cadre de la première quinzaine commerciale moulinoise, une représentation théâtrale est donnée par la Rampe moulinoise au profit du comité Bourbonnais-Lorraine pour les deux communes, filleules de la ville.

 

Louis Delallier

 

 

Une « place des Vosges » à Moulins et une rue « Moulins-sur-Allier » à Saulcy-sur-Meurthe
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