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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Louis Chapier, un pilote moulinois dans la guerre de 14-18

Publié le 24 Novembre 2019 par Louisdelallier in Guerre 14-18, Aviation, Portraits

Insigne de l'escadrille des cigognes

Insigne de l'escadrille des cigognes

La presse moulinoise parle de lui comme d’un jeune homme prometteur qui est en train de se faire une place dans le monde de l’aviation. Lui, c’est Louis Chapier, fils d’Henri, serrurier de la rue de la Batterie devenu vendeur et réparateur de cycles, motocycles, automobiles et machines à coudre. La famille est bien connue à Moulins où un autre Chapier, Eugène, tient un garage rue Gambetta. La quincaillerie Chapier était encore présente dans l'agglomération moulinoise sous ce nom jusqu’en 2017 .

 

Boursier du Comité national pour l’aviation militaire*, Louis passe les  dernières épreuves de son brevet de pilote le mercredi 9 juillet 1913. Il part à 5h 30 pour un circuit Villacoublay-Orléans-Chartres-Villacoublay qu’il boucle sans anicroche. Aussitôt, il demande et obtient l’autorisation de redécoller pour le dernier aller-retour de 300 km Villacoublay-Mourmelon.

Mais vers midi, à cause d’une erreur de calcul, son monoplan biplace Nieuport militaire atterrit dans la plaine d’Ay (Marne) à proximité du pont de l’écluse. Il repart vers 17 heures avec un bouquet lié par un ruban tricolore remis par une jeune femme et passe la nuit à Mourmelon.

 

Ca n’est que partie remise jusqu’au samedi 27 septembre. Le sapeur-aviateur Chapier s’envole de Villacoublay sur son Nieuport à 15 h 30 pour le camp de Chalons où il atterrit vers 17h 15. Son brevet tout neuf porte le n° 1301. Il l’a obtenu le même jour que son collègue Armand Malard sur Nieuport également.

 

Une mésaventure est rapportée par le Courrier de l’Allier au début du mois de juin 1914. Le sapeur-aviateur Louis Chapier, sur un monoplan militaire, parti de Paray-le-Monial (ou de Moulins les comptes rendus diffèrent), ne peut atterrir sur le terrain d’aviation de Mâcon où des enfants et des troupeaux déambulent. Lancé à 100 km/h, l’appareil se disloque contre le talus de la voie ferrée. Les dommages corporels des occupants sont insignifiants compte tenu de la violence du choc : Louis est blessé à la main droite par la poignée du volant et son mécanicien, Louis Pfeiffer, projeté sous le moteur, ne reçoit qu’une forte entaille sans gravité au front.

 

Il n’en sera hélas pas de même le mercredi 16 septembre suivant. Le monoplan blindé de Louis s’écrase à Champfleury dans les environs de Reims. Il meurt dans l’accident avec son mécanicien, Julien Clout. Tous les deux avaient 23 ans. Ils sont inhumés au cimetière de Champfleury en présence de soldats, d’habitants et d’un aumônier militaire assisté de quatre prêtres soldats. C’est le deuxième aviateur moulinois à mourir dès le début de la guerre après Robert de Carbon de Prévinquières, petit-fils de monsieur de Larfeul, ancien juge au tribunal de Moulins.

Un moulinois du front, de passage à Champfleury en novembre, va se recueillir sur leurs tombes entretenues avec soin par madame Brodet en charge aussi de l’église en l’absence du curé mobilisé.

Louis et Julien faisaient partie de l’escadrille 12 dite des Cigognes. Cette unité aéronautique française dont les avions étaient ornés d’une cigogne comptait aussi les pilotes Georges Guynemer et Roland Garros. 

 

Louis Delallier

 

*le comité national pour l’aviation militaire est créé en 1912 pour recueillir par souscription nationale les fonds nécessaires à l'équipement de l'aviation militaire. Une partie de ces fonds fut réservée à l'organisation de nombreuses stations d'atterrissage. La présidence d’honneur revient à Georges Clemenceau et la présidence effective à Émile Rémond, médecin et pilote qui mourra glorieusement le 22 octobre 1914 au cours d’une mission de reconnaissance. Le trésorier, André Michelin, est très exigeant quant à l’utilisation des fonds et prend à sa charge tous les frais d’administration du Comité. Les 4 millions de francs-or recueillis seront remis au ministère de la Guerre le 22 janvier 1914. Ils serviront à créer et à équiper 70 terrains d’atterrissage et à construire 120 avions achetés par le Comité et mis à la disposition de l’état-major. Deux des avions offerts ont été baptisés Vercingétorix et Bibendum car financés grâce à des souscriptions dans le Puy-de-Dôme.

 

Le Courrier de l'Allier (1900)

Le Courrier de l'Allier (1900)

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