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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La famille Krir de la Madeleine

Publié le 21 Avril 2024 par Louisdelallier in Portraits

La famille Krir de la Madeleine

Georges Krir, originaire de Moselle, figure comme buraliste route de Limoges à Moulins, à la Madeleine, de 1876 à 1901. Marié avec Claudine Dague en février 1853 à Souvigny, il est père de deux garçons, Jean Alphonse, décédé à 4 mois, et Édouard qui « montera » à Paris pour exercer la profession de conducteur de travaux.

Il se fait remarquer au Montet du temps où il était gendarme à cheval. Le 24 août 1855, vers 23 heures, un incendie éclate dans des bâtiments couverts de chaume qu’il ruinera. Pendant près d’une heure Krir, monté sur un pan de mur déjà très endommagé, encourage chacun, dont les religieuses du secteur venues à la rescousse, et fournit de l’eau. Il parvient à sauver deux personnes en mauvaise posture ce qui lui vaudra une médaille. Une deuxième lui est attribuée pour avoir réussi à arrêter deux chevaux emballés en janvier 1895 à Moulins. Il sera grièvement blessé.

Georges Krir, très impliqué dans la vie de son quartier de la Madeleine, se met en quatre pour établir une fête patronale chaque 15 août à la Demi-lune (actuel rond-point des Martyrs). Sa ténacité aboutit à une première édition en 1886 qui sera suivie de bien d’autres. On y trouve des chevaux de bois, des mats de cocagne, une course à âne, des loteries, des boutiques foraines, des illuminations, des danses et autres distractions populaires.

Georges offre, à plusieurs reprises, des livrets de caisse d’épargne de 5 francs (environ 22 euros) à remettre à des élèves des écoles de la Madeleine reçus au certificat d’études. Fin 1900, Marguerite Marais de l’école primaire de filles dirigée par Mme Grandjean et Francis Thévenet de l’école communale de garçons dirigée par M. Raynaud en bénéficient. Un an plus tard, c’est le tour de Jeanne Darbeau qui reçoit un livret de caisse d’épargne pour son application à l’étude.

La générosité de Georges Krir a déjà été remarquée juste après l’accident du 15 octobre 1883 qui a entraîné la mort de deux ouvriers*. Il lance alors une souscription pour les familles des victimes avec l’accord du maire de Moulins, Eugène Bruel, qui en a également lancé une. La sienne obtient 523, 15 francs en 2 mois. Parmi les donateurs, en plus de lui-même, certains sont des voisins : Julot, cafetier, Schneider, brasseur, et ses ouvriers, Loizel, brasseur également, Mme veuve Pajot, poterie et ses ouvriers, Bidat, entrepreneur, Froly, menuisier, etc.

Georges Krir démissionne de son poste de receveur-buraliste à la fin de l’année 1901. Il est remplacé par M. Bertonneau de Nevers. Veuf depuis février 1895, il décède à Paris 10e en novembre 1902, 87 quai Valmy. Il est alors rentier et âgé de 80 ans. Il aura connu le décès de sa petite-fille Blanche à 3 ans en 1898, mais ignorera celui de son petit-fils, Georges Édouard, polytechnicien, à Roclincourt dans le Pas-de-Calais, en mai 1915, des suites de ses blessures de guerre. Il avait 24 ans. 

En novembre 1922, Edouard Krir (fils de Georges) et son épouse Blanche, installés à Moulins route de Limoges, donnent au musée de Moulins un tableau, Bouquet de chrysanthèmes, de Louise Stella-Samson, aquarelliste de renom, en mémoire de leur fils mort pour la France. Ce dernier a été enterré au cimetière de Moulins en juillet 1921.

Louis Delallier

 

*De nuit, Gilbert Nicolas du faubourg de la Madeleine, entrepreneur de vidange, se rend avec son fils Étienne, 33 ans, et des ouvriers pour vidanger la fosse d’aisance dans la cave de la maison Delvaux, ancien hôtel de la Jolivette. Le père perce un trou dans le mur de la fosse dont s’échappe aussitôt un gaz asphyxiant qui l’incommode gravement. Son fils et Claude Thomas, l’un des ouvriers, 60 ans, tentent de le secourir et s’effondrent eux-aussi. Des trois hommes, seul Gilbert Nicolas en sort vivant. Etienne, père de trois enfants, et Claude décèdent à l’hôpital Saint-Joseph le lendemain à minuit cinq et à neuf heures.   

**Louise Stella-Samson, réfugiée à Moulins pendant la Première guerre, et ouvre un cours. Après-guerre, elle garde des liens étroits avec des habitants de la ville car elle y participe à des expositions et offre une œuvre à l’une des tombolas de la Lyre moulinoise.

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