Printemps 1912.
Figure notoire du banditisme motorisé, Jules Bonnot est activement recherché par la police et ce depuis des années. Avec des complices, il vient encore de faire parler de lui en commettant le vol d’une voiture et un braquage meurtrier à la Société générale de Chantilly le 25 mars.
Les journaux en ont parlé et on est au courant même à Moulins. C’est sans doute pour cette raison que ce 20 avril vers 9 heures, Monsieur Bottone, plâtrier-peintre rue Danton, téléphone au bureau de police depuis la cabine de la gare. Il est sûr d’avoir reconnu Jules Bonnot qui entrait à l’hôtel Danguin juste en face de la gare.
Monsieur Blanc, brigadier de police, transmet l’importante information à Monsieur Allard, commissaire de police, qui part aussitôt à la gare pour rencontrer Monsieur Bottone qui confirme sa déclaration. Bonnot est bel et bien entré à l’hôtel Danguin, il en est ressorti peu après pour aller étudier les autos et motocyclettes exposés au garage Coutelard voisin, ce qui laisse à penser que Bonnot prépare un nouveau méfait. Bonnot ayant continué son chemin jusqu'au bureau du chef de section à la gare, Monsieur Allard décide de l’y suivre.
Et heureusement pour la tranquillité du quartier et l’intégrité physique du commissaire, Jules Bonnot n’est qu’un entrepreneur qui a rendez-vous avec le chef de section. Les deux hommes sont déjà partis pour le pont de La Paillasse où on construit un nouveau dépôt pour les locomotives ! Il paraît que Monsieur Allard s’est contenté de rire de cette mésaventure.
Jules Bonnot finira ses jours quelques jours plus tard, le 28 avril 1912, cerné par la police dans une maison de Choisy-le-Roi qui sera dynamitée pour venir à bout de l’ennemi public n°1. Il aura, quatre jours plus tôt, encore tué. Cette fois, il s’agissait de Louis Jouin, numéro 2 de la Sûreté nationale venu perquisitionner chez un sympathisant anarchiste à Ivry-sur-Seine où il avait eu la malchance de tomber sur Bonnot.
Le commissaire moulinois Allard s’est montré bien courageux, voire téméraire dans sa démarche quand on connaît les méthodes expéditives du bandit.
Louis Delallier