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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

3 janvier 1877, un mur de flammes franchi à toute vapeur par un train à Moulins

Publié le 3 Août 2019 par Louisdelallier

Incendie du faubourg Chaveau - Le Monde illustré du 6 janvier 1877 - Dessin de M. Fernandus d'après le croquis de M. Delagrange

Incendie du faubourg Chaveau - Le Monde illustré du 6 janvier 1877 - Dessin de M. Fernandus d'après le croquis de M. Delagrange

Un grave incendie éclate dans le faubourg Chaveau près du passage à niveau (secteur de l’actuelle rue de Decize et ses environs) où la paille et le fourrage sont entreposés dans les greniers, juste en dessous des toits de chaume. Le feu prend sa source vers 19 heures dans la grange de monsieur Dumet, voiturier et jardinier, et se propage très vite aux habitations voisines dont les propriétés Brunet et Blanchet, à la faveur d’un très fort vent. Une heure plus tard, une partie du côté droit de la rue est en feu. A 22 heures, les dernières maisons situées à l’Etang-Chaveau brûlent à leur tour. Sur près de 2 km, tout est consumé. Des passagers du train arrivant de Montluçon à 21 heures affirment avoir vu la lueur rougeâtre depuis Tronget.

 

Les élus municipaux, maire en tête, le préfet, le procureur de la République, l’évêque se rendent sur place où se trouvent déjà les pompiers, les gendarmes et les trois régiments de militaires en garnison à Moulins. Certains soldats montent sur les toits où, avec des bêches, ils font tomber les parties enflammées pour empêcher le feu de s’étendre.

Devant le désastre en cours, la population affolée, constituée principalement de jardiniers et de cultivateurs, entasse meubles, linge, grain, pain, vêtements dans des charrettes ou tout simplement par terre dans les rues voisines épargnées. Un vieillard grabataire est porté à l’extérieur dans son lit par quatre hommes. Les seuls blessés seront un sous-officier des dragons qui reçoit une poutre sur le dos sans trop de dommages et Louis Parfut, 19 ans, ouvrier vannier qui se fracture le bras en tombant d’une échelle. A minuit, tout est terminé et le décompte peut commencer : 60 granges, 47 écuries, 83 maisons sont partiellement ou totalement détruites. Heureusement la plupart sont assurées. Mais quatorze familles sont sans ressources. Des dons en nature (pain et fourrage) sont distribués aussitôt.

 

Un comité se constitue pour recueillir les dons pour les sinistrés. Il est présidé par Ernest de Chavigny (le président d’honneur est l’évêque de Moulins). Durant des jours, la liste des souscripteurs, fortunés ou pas, s’allonge. Quelques noms au hasard : Kimpel (marchand de musique), de Provenchères, Marie Volant (domestique), maison Pic et Clairefond, Comte Max de l’Estoille, Armand Queyroy, les dames de la Visitation, Pierre Debar (menuisier), Valois (notaire), Besson (architecte), « une bonne », Grandpré (maire de Neuvy), les ouvriers de la maison Bruel.

Des concerts sont organisés au profit des victimes par la Lyre moulinoise, la société lyrique de Clermont et l’orphéon de Montluçon.

 

Et voici l’évènement époustouflant qui se produit au cours de ces heures éprouvantes. Quand la maisonnette du garde-barrière prend feu, les flammes gagnent la voie de chemin de fer peu avant l’arrivée du Paris-Clermont. Les mécaniciens surpris par ce qu’ils découvrent serrent les freins au maximum et arrêtent le convoi à temps. On aurait pu s’attendre à ce qu’ils fassent aussitôt marche arrière afin de mettre à l’abri personnes et matériel. Mais pas du tout ! Le conducteur exige une fermeture complète des portes et fenêtres et lance son train à toute vapeur à travers les flammes. A quelques centaines de mètres plus loin, il stoppe un convoi intact de toute brûlure. Le voyage peut reprendre presque comme si de rien n’était...

 

Louis Delallier

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