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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Goudou, père et fils, deux vies de sauvetage

Publié le 27 Octobre 2018 par Louisdelallier in Portraits

Édouard Detaille : La Charge du 9ème cuirassier à Morsbronn  exposé au Salon de 1874 - Coll. Musée historique Saint Rémi de Reims - photo CRDP de Strasbourg

Édouard Detaille : La Charge du 9ème cuirassier à Morsbronn exposé au Salon de 1874 - Coll. Musée historique Saint Rémi de Reims - photo CRDP de Strasbourg

Le Petit Journal du 8 août 1902 fait mention de l’incendie de l’atelier de menuiserie Guidon, rue du Vert-Galant à Moulins, qui s’est déclenché la veille. Même si c’est une catastrophe pour le propriétaire des lieux, pourquoi un journal national s’intéresse-t-il à un fait divers somme toute ordinaire.

C’est la personnalité du brigadier du 13ème escadron, Pierre Goudou, qui en est la raison. Sa conduite dans une situation critique est une fois encore remarquable. Il a 23 ans et n’en est pas à son coup d’essai.

Ce natif de Souillac (Lot) se distingue dans un incendie à Brugales (Lot) en septembre 1888. Il n’a pas 10 ans. Il ne se passe pas plus de six mois quand il sauve un camarade de l’incendie causé par une explosion de poudre dans une maison de garde à Laval-de-Cère (Lot). Il en ressort avec le visage et la jambe droite brûlés.

Le 21 février 1896, il arrête un cheval emballé dans la rue de Toulzac à Brive, ce qui lui vaut une mention honorable du ministère de l’intérieur.

Il continue ses exploits, cette fois dans le Puy-de-Dôme. Le 21 mai 1899, il retire du Liagou à Royat un jeune homme d’une vingtaine d’années tombé accidentellement dans l’eau.

Dans les mêmes temps, il renoue avec le feu en combattant les flammes avec une lance, grimpé sur le toit d’une maison rue des Jacobins à Clermont-Ferrand pendant plus d’une heure. Il recevra  la médaille de bronze des mains du ministre de l’intérieur à l’occasion du centenaire du général Desaix.

A six reprises au moins, Pierre Goudou fils aura fait preuve de bravoure comme si, chez les Goudou, le sauvetage était une affaire familiale. En effet, son père, nommé Pierre Goudou également, installé à Royat comme receveur-buraliste, est un ancien brigadier du 9ème régiment de cuirassiers qui a chargé au cours de la bataille de Reichshoffen, le 6 août 1870. Encore une terrible bataille où l’artillerie prussienne extermine le 8ème cuirassiers avant de tirer à bout portant sur le 9ème pris au piège dans le village de Morsbronn (Bas-Rhin). Huit cents des 1100 hommes sont tués. Bien que son cheval soit mort sous lui, Pierre Goudou en réchappe, le coude droit traversé par une balle. Il sera décoré de la médaille militaire quelques jours après son retour au corps.

Malgré un bras définitivement inutilisable, il arrête, en 1873, un cheval emballé à Paris, au faubourg Saint-Denis. Il y gagne une lettre de félicitations de l’inspecteur des lignes télégraphiques, son employeur, et une récompense en espèces.

En avril 1880, alors surveillant des travaux aux chemins de fer de l’Etat, il brave les dangers d’un incendie. Le 21 juin, au risque de sa vie, il porte secours à plusieurs ouvriers sur le point de couler dans la Dordogne à Puybrun (Lot).

En août et septembre 1882, il se mue en protecteur d’une mère menacée par les coups de sa fille atteinte d’aliénation mentale. Un cheval emballé ne lui résiste pas à Puybrun le 23 septembre 1885. Une médaille d’argent de 2ème classe le récompense.

Et pour terminer cette impressionnante énumération, en 1890, père et fils s’associent le temps d’un nouvel acte de courage purement altruiste. Pour décintrer une arche du pont de Montespan (Haute-Garonne) sur la Garonne, cinq ouvriers travaillent depuis un bateau chargé de bois. Une fausse manœuvre envoie l’embarcation se briser contre l’une des piles en maçonnerie. Goudou père lance une corde à l’un des hommes en passe de se noyer. Ce dernier s’y accroche au risque d’entraîner son sauveteur avec lui. Goudou fils, âgé d’environ 11 ans, empêche son père de tomber à l’eau à son tour en le retenant par la jambe. Il était à bonne école.

 

Louis Delallier

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