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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

1905, un incendie mobilise les pompiers, la troupe et la police de Moulins

Publié le 9 Décembre 2018 par Louisdelallier in Incendies

Mardi 15 août 1905, il est environ 13 heures. Les rues sont désertes en ce jour férié. Les habitants sont encore à table. Mais le branle-bas ne va pas tarder rue Bréchimbault. Des voisins viennent d’apercevoir de la fumée et des flammes sortir des fenêtres mansardées de  la maison Détour au n° 15. Il faut faire vite. Messieurs Thévenin et Charlet, ébénistes de la maison Guillaumin au n° 17, grimpent les deux étages pour tenter d’arrêter la progression de l’incendie vers les combles. Mais les flammes gagnent du terrain et les seaux d’eau ne suffisent plus.

On fait venir la pompe à incendie de l’hôtel de ville qui est promptement installée par les agents de police. Puis, trois autres pompes dont celle de la gare sont acheminées en renfort. Ce déploiement de matériel manque semble-t-il encore d’efficacité car le lieutenant-trésorier Martin dépêche un cycliste chargé de prévenir les militaires du quartier Villars. Il est 13h 35.

Il faut une vingtaine de minutes à un escadron du 10ème chasseurs et un détachement du 13ème escadron pour arriver sur les lieux, au pas de course.  Le commandant Pinelli et le capitaine Dinat du 10ème, le capitaine Lacombe du 13ème dirigent les opérations. Les gendarmes accourent de leur côté encadrés par le chef d’escadron Dourches et le capitaine Weiss. Pendant ce temps, la police, dirigée par M. Le Guellant, a organisé un service d’ordre pour éviter tout débordement.

Le combat contre le feu est rude car la pression manque au début pour bien projeter l’eau tandis que les tuyaux crèvent à plusieurs endroits. Cependant l’eau finit par se déverser sur le foyer principal et sur les maisons voisines pour éviter la propagation. Au n°13, exerce monsieur Bourrassier, tapissier-ébéniste dont les meubles et objets ont été entreposés dans la cour du théâtre sous bonne garde policière. Les greniers de monsieur Guillaumin, l’ébéniste du n° 17 (immeuble Fialin), remplis de bois pourraient facilement prendre feu à leur tour. Par précaution, les poutres entre les bâtiments sont coupées. Le bois rangé dans la cour est protégé par la pompe de la gare.

A 14h 15, le sinistre est maîtrisé et la troupe regagne ses quartiers à la Madeleine. Un piquet de chasseurs est laissé sur place pour maintenir les nombreux curieux à distance raisonnable. Les pompiers, avec à leur tête le jeune capitaine Baër dont c’était le baptême du feu, montent sur le toit de la maison Détour pour commencer à déblayer.

Il faut attendre 15h 30 pour une extinction totale de l’incendie. Un groupe surveillera encore quelque temps l’endroit, une pompe à portée de main. Pas de blessures graves chez les hommes. Seules des contusions dues à la chute de tuiles et d’ardoises sont à déplorer. Le sergent Chaix des pompiers est passé au travers d’un plancher sans trop de dommages.

Il reste à constater les dégâts matériels qui sont estimés à 19 800 francs (76 382,90 euros) dont :

10 000 francs pour madame veuve Détour dont la maison est presque entièrement détruite -

2 000 francs pour mademoiselle Détour, corsetière - 1 300 francs pour Jules Devaux, chaisier, locataire de madame Détour - 3 000 francs pour monsieur Petot propriétaire du n°13 - 1 500 francs pour monsieur Bourrassier - 2 000 francs pour mademoiselle Hélène Couderc, autre locataire.

Ces deux dernières personnes ayant oublié de signaler leur changement d’adresse à leur assureur, ne seront pas dédommagées. Et madame Détour perd 120 francs qui lui ont été volés dans l’agitation générale.

Ceux qui réclament l’élargissement de la rue Bréchimbault ne manqueront pas d’utiliser cet événement comme un argument de poids pour défendre leur cause.

 

Louis Delallier

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