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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La résurrection de Moulins

Publié le 18 Septembre 2022 par Louisdelallier

L'Ami du Peuple du 18 novembre 1929

L'Ami du Peuple du 18 novembre 1929

C’est sous ce titre que paraît l’article de Fernand Rigny dans l’Ami du Peuple du 18 novembre 1929 qui décrit ses impressions sur Moulins dans le cadre de son reportage « la France aux mille visages ».

Il introduit son propos par Jacquemart avec ses personnages en plomb qui ne sonnent pas les heures et ne se soucient pas de l’heure qui passe et dont le nom a des origines assez vagues. Il ajoute toutefois que la tour est adorable au point qu’un architecte anglais s’en est inspiré pour le carillon de Loughborough (voir mon article à ce sujet). Il constate l’obscurité de la place de l’hôtel de ville et de toute la vieille ville, lesquelles ne gagneraient rien à être éclairées car les rues étroites et harmonieusement tortueuses donnent des jeux d’ombres mystérieuses et suggestives.

Une averse oblige ce visiteur parisien à s’abriter chez un libraire proche. Ce commerçant lui dresse un tableau peu flatteur de sa ville. Il parle des quatre ou cinq cafés moulinois d’allure moderne qui se trouvent du côté de la gare et sur les cours oubliant au passage la place d’Allier. Il les dit peu fréquentés car les Moulinois sont assez casaniers. Il assure que les habitants gardent un souvenir encore douloureux de l’accident meurtrier de l’atelier de chargement d’obus dans la nuit du 2 au 3 février 1918 (voir mon article à ce sujet). Sa relation de la catastrophe est quelque peu romancée. En effet, il raconte que tout le monde était endormi à l’atelier de chargement et que personne ne s’est rendu compte que le feu avait pris avant la première explosion. C’est impossible compte tenu des horaires de travail.

Ensuite, guidé par le « bon libraire », Fernand Rigny admire la reconstruction des édifices modernes et la restauration fidèles des demeures anciennes dont certaines sont de véritables bijoux d’architecture. Il s’entretient avec le gardien du musée, fier de lui présenter la Bible de Souvigny qu’on « vient voir du bout du monde ».

Quelques jours plus tard, le journaliste du Courrier de l’Allier, agacé, commente ce compte rendu touristique. Il précise que le souvenir de l’explosion de 1918 s’est déjà bien estompé et que le libraire interviewé par Fernand Rigny a dû user de nombreux trémolos dans sa narration pour lui donner plus de vérité. Il conseille, en toute amitié, à son confrère de se méfier des souvenirs racontés par les autochtones. Et il conclut par cette formule humoristique :

« Pour Moulins, comme on dit, vous allez un peu fort… »

 

Louis Delallier

 

*De son vrai nom Humberto Ferrigni, Fernand Rigny a dirigé un important journal italien avant de s’installer en France. Il collabore alors au Figaro et entre à l’Ami du Peuple dès sa fondation. Également écrivain de talent, il publie des études politiques et littéraires ainsi que des adaptations de pièces françaises pour des théâtres italiens. Les courtes nécrologies parues dans l’Ami du Peuple et le Figaro début avril 1932 le décrivent comme un « observateur sagace et plein de bonhommie qui savait peindre avec autant de véracité que de couleurs les différents aspects de ce pays qu’il aimait tant ». Il avait 68 ans.

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