L’homme au nez de carton

C’est une bien triste histoire que celle de François Mercier, bien connu à Moulins sous le nom de nez de carton.

Il vient de réussir son suicide ce mardi 9 octobre 1888 dans le magasin à bois de l’hôpital. Comme la première fois, il s’est tiré un coup de révolver dans la bouche. Une quinzaine d’années auparavant, à la suite de chagrins, il s’était « seulement » détruit le palais et le nez. Au bout de deux mois de soins et d’horribles souffrances, il en ressortait réparé et gagnait ce surnom explicite de « nez de carton ». Mais s’il avait repris le dessus physiquement, il restait fragile et parlait fréquemment d’en finir.

Il était originaire de Chapeau où il est recensé en 1872 en tant que cabaretier. Il se marie à Saint-Pourçain-sur-Besbre avec Jeanne Dugrenot (1843-1871) dont il a un fils, Claude, né en 1868, et, après son veuvage, avec Marie Tain à Chapeau, domestique dont il a encore un fils, Michel, en 1872. Il est alors propriétaire sabotier. Le recensement de 1876, toujours à Chapeau, le mentionne comme propriétaire, vivant seul avec Claude.

L’un de ses fils*, militaire au 15^e chasseurs de Fontainebleau, assiste à ses discrètes obsèques le jeudi 11 octobre à 7 heures. Les suicidés sont cachés. Michel reçoit comme tout héritage une boîte contenant une vieille montre en argent.

Louis Delallier

*Claude a épousé Marie Schmidt originaire de la Meuse. Michel a épousé Gabrielle Daffourd-Devernes à Cusset. Il est décédé en 1959 en Seine-et-Marne.