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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Le 14 juillet 1889 à Moulins

Publié le 3 Septembre 2023 par Louisdelallier in Fêtes

Hôtel de ville (Photo Louis Delallier)

Hôtel de ville (Photo Louis Delallier)

L’anniversaire du centenaire de la Révolution (fêté pour la 2e fois cette année-là*) n’enthousiasme pas réellement les Moulinois et leurs voisins même s’ils y assistent ou participent volontiers. Les traditionnels retraite aux flambeaux dans la ville, passage en revue des troupes sur le cours de Bercy et défilé des soldats ont trouvé leur public, nombreux et parfois un peu trop bruyant.

Les jeux du dimanche 14 après-midi n’atteignent pas le succès attendu par la municipalité, mais rassemblent bien des amateurs. Chaque quartier bénéficie de son quota d’amusements comme de petites fêtes particulières qui entraînent des déplacements de l’un à l’autre très favorables aux cabaretiers.

Les non moins traditionnels concert de la Lyre moulinoise et feu d’artifice au bord de l’Allier ont fait le plein de spectateurs. Les parquets de danse montés sur le cours Choisy sont ensuite pris d’assaut par les jeunes qui s’y bousculent dans des danses virevoltantes à souhait. Les allées et monuments publics de la ville dûment illuminés font oublier le trop peu de drapeaux tricolores aux façades des maisons et surtout des magasins. L’explication de cette bouderie tient aux difficultés, voire au marasme, des affaires commerciales.

Tout rassemblement populaire festif portant en lui des risques de débordement, la police est sur les dents. Finalement, elle n’aura pas eu à intervenir autant que redouté. Peut-être a-t-elle aussi fait preuve d’indulgence plusieurs fois. Elle ne signale que trois incidents spécifiques.

Le dimanche vers 21 heures, un comptable et deux ouvriers d’une serrurerie moulinoise observent le manège de chevaux de bois près du marché couvert jusqu’à ce que l’idée leur prenne d’y monter. Non seulement, ils n’avaient pas leur place parmi les enfants, mais l’un des serruriers tire fortement sur la queue d’un des chevaux. Il déséquilibre le fils d’un menuisier du faubourg des Garceaux qui échappe à la chute de peu. Le papa furieux exprime sa façon de penser au fautif dont les excuses ne sont pas à la hauteur, et reçoit un coup de poing au-dessous de l’œil. Il n’en faut alors pas davantage pour que ses acolytes jettent le père de famille sur le trottoir contre lequel il se blesse légèrement au front. Son état nécessite quand même l’intervention du docteur Bruel. Plainte est déposée.

Vers minuit et demie, des individus se mettent en devoir de briser un maximum de lampions et de détacher les lanternes vénitiennes accrochées dans les arbres du cours de la Préfecture. Un seul de ces « « guéris de bien faire », ainsi que les nomme le journaliste du Courrier de l’Allier, est attrapé et envoyé en cellule pour la nuit. Il s’agit du jeune employé d’une librairie moulinoise.

Enfin, vers 4 heures du matin, un vidangeur du cours de Bercy insulte, menace et frappe les agents qui lui demandent de rentrer cuver sa boisson chez lui. Il faut cinq policiers pour le maîtriser et, finalement, le conduire manu militari à la chambre de sureté. Devant le tribunal le mercredi suivant, il affirme ne se rappeler de rien et regretter son comportement. Son avocat, maître Robert, fait état de la lettre de Mlle L., 12 ans, l’une des six enfants du prévenu, qui espère l’indulgence pour son père. La justice émue se montre clémente en lui infligeant la peine minimale, soit 24 h d’emprisonnement.

 

Louis Delallier

 

*L’anniversaire de la Révolution française est célébré à partir de 1880, chaque 14 juillet. Mais en cette année du centenaire, c’est le 5 mai qui est officiellement choisi, date également symbolique puisqu’elle correspond à l’ouverture des états généraux à Versailles (voir mon article).

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