Pas moins de onze bals en novembre 1935

Quoi de mieux qu’une bonne soirée de danse et de musique pour égayer novembre et ses jours qui raccourcissent, souvent froids et humides ? Les associations ou confréries moulinoises et yzeuriennes l’ont bien compris qui alignent les bals tout au long du mois. 

L’Eglantine moulinoise (groupe artistique ouvrier créé par Marius Carry* dans les « bas-quartiers » (quartier des Mariniers aujourd’hui), est la première à investir la salle des fêtes de l’Université populaire, le dimanche 3 novembre, de 14h 30 à minuit. Orchestre dirigé par M. Clément, buffet très fourni à prix bas.

Le samedi 9 novembre, les vieux garçons organisent leur bal dans la salle Pernier, route de Montbeugny à Yzeure, dès 20h 30. Orchestre sous la direction des maîtres de la danse Merle et Néness, surprises, mascottes et cotillons !

Les ouvriers pâtissiers-confiseurs, sans doute sûrs de leur succès, proposent deux sauteries, l’une le dimanche 10 novembre à l’Université populaire, l’autre à hôtel du Dauphin, le samedi suivant. On relève une organisation toujours excellente et une grande facilité à retrouver son vêtement au vestiaire. Les virtuoses du banjo, saxo, violon, piano et accordéon composant « The Famous jazz** », présents les deux fois, sont accompagnés de Madame Moutet le 16. Ils jouent jusqu’au petit jour.

Entre-temps, le soir de la fête de l’armistice, la municipalité offre un bal à l’Université populaire. Vieilles valses, tangos pour un public probablement moins jeune.

Le samedi 16 novembre, les commis-épiciers font concurrence à leurs collègues de la pâtisserie-confiserie, dans les salons de l’hôtel du Dauphin. Ils annoncent une soirée sans publicité tapageuse et digne de l’Epicerie ! Orchestre du maestro Hibry de Vichy, toilettes splendides, la plus belle étant celle de Suzanne Glain.

Les conscrits ont choisi le même soir pour leur divertissement au son d’un brillant orchestre au grand hôtel de l’Allier.

Le lendemain à 14h 30, dans la salle des fêtes de l’université populaire, ceux qui ne sont pas épuisés par les tournoiements de la veille sont accueillis par le président Messonnet et le président d’honneur Bougain des Anciens de l’école primaire supérieure et de l’école pratique, les « as » comme ils se qualifient.

Le Bal des boules sportives moulinoises du samedi 23 novembre a lieu à l’Hôtel moderne, qui s’affirme comme l’une des plus vastes salles de la ville et des plus modernes - Orchestre moulinois Merle, hors-pair, qui fait sensation par sa musique et sa tenue blanche à parements et col verts arborés pour la première fois, vestiaire bien aménagé, personnel de 1^er choix. Pas tenue de soirée, mais tenue de ville correcte requise.

Le groupe artistique de jeunes amateurs Floréal qui connaît un certain succès à Moulins et dans les communes environnantes invite à son tour dans la salle des fêtes de l’Université populaire à 14h 30 et 21 h, le dimanche 24. Décor féérique de verdure et de fleurs, buffet.

Les plâtriers, peintres, maçons reprennent une vielle habitude d’avant-guerre le samedi 30 avec leur bal du bâtiment dans la salle du Terminus. Orchestre du maestro Merle, non seulement hors pair, mais aussi le plus connu de toute la région, vieilles et nouvelles danses, grande tombola, vente de serpentins et d’objets divers amusants.

Et voici décembre avec ses jours encore plus courts et son temps plus froid, mais embelli par les éclairages des rues et des vitrines chaleureusement décorées. Les bals et les fêtes n’en disparaissent pas pour autant du calendrier.

Louis Delallier

*voir mon article à son sujet

** The Famous jazz compte 10 musiciens en 1937 dont le pianiste Lane du Casino de Paris et Jojo Moutet à la clarinette et à l’accordéon, sa femme au piano et au chant. Les Moutet sont originaires du village bourbonnais de Montaigu-le-Blin. Jo, leur fils, obtient à 12 ans le 1^er prix international d’accordéon, puis le 1^er prix unanime du conservatoire de Lyon à 17 ans. Il suit le chemin familial de l’animation de bals populaires et enregistre des disques sous les pseudonymes de Gaston Temporel et Jo l’Auvergnat. Sa carrière continue à Paris : direction orchestrale à l’Européen, accompagnateur d’Antoine, Jacques Dutronc notamment, arrangeur pour Charles Aznavour, Line Renaud, Bourvil, etc., créateur et directeur de l’orchestre qui enregistre la musique de La Strada entre autres.