24 décembre 1949, « La Chaussure » à Moulins fête Noël

La manufacture de chaussures* (située rue Henri-Barbusse à Moulins) organise son arbre de Noël dans la salle de réception de l’hôtel Darmangeat (actuellement Hôtel Ibis style) place aux foires (place Jean-Moulin) le samedi 24 décembre 1949.

Le comité des fêtes de la manufacture, avec le soutien de la direction, accueille plus de 100 enfants au milieu de sapins abondamment décorés et de tables garnies pour le goûter. On remarque la présence de monsieur Muller, président du conseil d’administration et directeur général de Bally-Camsat, qui a accepté de se déplacer pour présider la fête. Monsieur Muller, citoyen suisse est aussi le secrétaire de la Croix-Rouge en France. Son discours est écouté avec toute l’attention qui lui est due. Monsieur Lanery, directeur de l’usine de Moulins et Monsieur Fontenille, secrétaire du comité des fêtes, y vont eux aussi de leur allocution.

Enfin, l’orchestre Gaud entame la séance récréative au cours de laquelle se succèdent chansons, poésies dites par petits et grands, dont monsieur Raynaud chanteur de charme dans son répertoire et monsieur Péron, diseur de poèmes spirituels ou tragiques comme  « L’Epave » de François Coppée (surprenant choix pour une fête enfantine et qui plus est de Noël.

Le goûter sert d’entracte avant la deuxième partie où messieurs Raynaud, Péron, Bavalet, ainsi que des chanteurs tyroliens, des chanteurs imitateurs et de charme se produisent en attendant l’arrivée du Père-Noël, peinant bien naturellement sous le poids de sa hotte remplie de jouets.

Des danses prolongent la soirée jusque vers 20 heures.

* « La Chaussure » comme on l’appelait familièrement à Moulins était, à l’origine, un atelier de la maison Blanchet frères et Cie établi en 1917 qui devient en 1921 la Manufacture de chaussures de Moulins. Plus tard, elle passe sous la houlette de la société Bally-Camsat. On parle alors de Bally-Moulins. En 1955, l’usine se spécialise dans les chaussures pour hommes. Elle compte 270 salariés. En 1990, elle est la seule unité de production française de chaussures hommes de la marque (Villeurbanne fabrique les chaussures pour femmes). En 1997, la fermeture définitive se profile, mais son directeur du moment, Agostinho Barata, en prend les rênes, préserve 200 emplois et redonne à l’entreprise le nom de Manufacture de chaussures de Moulins. Malgré ses efforts, quatre ans plus tard, le tribunal de commerce décide la liquidation judiciaire. Et de fil en aiguille, « La Chaussure » va passer dans la catégorie souvenirs tandis que des dizaines d’ouvriers passent dans la catégorie chômeurs.

Louis Delallier