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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La fête « des cours » depuis 110 ans à Moulins

Publié le 7 Juillet 2018 par Louisdelallier in Fêtes

L'édition 2018 de notre fête ancestrale est lancée aujourd'hui - Photo Louis Delallier

L'édition 2018 de notre fête ancestrale est lancée aujourd'hui - Photo Louis Delallier

Depuis 1908, seules les deux guerres mondiales ont empêché la traditionnelle fête de se tenir à Moulins. A chaque après-guerre, elle est revenue gaillardement, soutenue par un public fidèle. L'édition 2018 est lancée aujourd'hui.

En 1947, elle s’étend du théâtre à la rue de Paris où deux parquets-salons ferment le cours Anatole-France. Les festivités sont engagées dès le samedi 5 juillet, sorte de répétition générale et se poursuivent jusqu’au dimanche 20 juillet.

Le « Skid », manège qui fait tourner les têtes est solidement accroché au sol devant le théâtre. Puis ce sont, entre autres, « les Dirigeables », moins étourdissants, quatre manèges pour les enfants, un autodrome, des bateaux-balançoires, le tourbillon des neiges, un fakir qui connaît l’avenir, un rat géant, « le Loch Ness », un théâtre infernal. Le « Megève sport » (avec montée d’un tapis roulant et redescente à grande vitesse dans un traîneau) attire nombre d’amateurs de sport d’hiver estivaux ! Sept baraques de jeux d’adresse, huit réservées au tir à la carabine des loteries en tout genre, neuf marchands de bonbons, gaufres, nougats et autres sucreries colorées et odoriférantes s’intercalent entre les attractions.

Comme on exhibe encore volontiers des personnes à l’apparence extraordinaire, un autre phénomène humain attire la curiosité près du kiosque à musique devant la préfecture (en plus de la femme crocodile). Il s’agit d’Henri Renard, 52 ans, 70 cm et 14 kg, pointure 22. Plus petit homme connu, il lance un défi à celui qui pourra rivaliser avec sa petite taille en proposant 50 000 francs. Ce fils de cultivateurs-vignerons de taille normale, natif des environs d’Orléans, pesait 3,5 kg à la naissance et s’est régulièrement développé pendant deux ans. Sa particularité physique lui a valu de se produire dans presque toutes les capitales d’Europe.

Celui ou celle qui aime les sensations fortes préférera profiter d’un spectacle dont le nom à lui seul donne le frisson « le mur de la mort ». Le propriétaire, monsieur Michon, déplace de fête en foire une structure circulaire à paroi verticale de plusieurs mètres de haut permettant à deux motocyclistes au moins de tourner dangereusement et bruyamment, à vive allure. C’est un défi aux lois de la pesanteur. Le public, assis en hauteur, a une vue plongeante sur l’exploit en cours. En cette année 1947, ce sont les frères Johnny et Elie Walson, champions du monde d’acrobatie sur parois verticales, qui font le spectacle avec leurs motocyclettes Monet-Goyon de 350 cm3. Un cycliste leur est adjoint pour corser les évolutions. Monsieur Michon, en bon commerçant, souhaite augmenter ses recettes en donnant envie au passant d’entrer. Il fait entrouvrir une porte du mur pour qu’on voie de l’extérieur. Mais la porte se rabat et envoie brutalement Johnny au sol alors qu’il roule à 80 km/h. Il est transporté à la clinique Parouty où l’on diagnostique une cassure du pied qui va l’immobiliser des mois et mettra fin à sa carrière. Deux mois avant, Elie avait été victime d’un accident dans l’Ain à 40 km/h et s’en était tiré avec trois côtes cassées. Monsieur Michon, lui-même ancien pilote, victime également d’une chute deux ans auparavant à Mâcon, se rend à Paris pour remplacer son cascadeur. Il affirme qu’il reprendra lui-même du service s’il le faut.

Un an plus tard, du dimanche 4 juillet au dimanche 18 juillet, la fête confirme son retour avec cette quatrième édition depuis la libération de Moulins. Elle propose moins de manèges au public (le tourbillon des neiges et le tapis roulant sont absents), mais plus de curiosités. Henri Renard, par exemple, est accompagné du géant de Saint-Alban (2m 28 et 97 kg - pointure 50). Il faut payer pour les voir. Le mur de la mort, malgré l’accident de 1947, fait encore frémir les spectateurs avec une voiture en plus des deux motocyclistes.

D’une durée d’une semaine à sa création (du dimanche après le 24 juin au dimanche suivant inclus, puis du dimanche précédant le 14 juillet au dimanche suivant par arrêté du 20 décembre 1913 pris par le maire de Moulins, monsieur Darfour, ou du 7 au 14 juillet quand le 14 juillet tombe un dimanche), elle passe à deux semaines en 1924 (arrêté de monsieur Blanc, maire) du 1er dimanche de juillet au 3ème dimanche inclus.

Cette fête foraine existe toujours à Moulins, du 1er samedi du mois de juillet au dimanche de la semaine suivante. Mais, ce n’est plus la « fête des Cours ». En 2006, suite à la rénovation des cours, elle fait un passage éclair et déplorable au parc des Isles à Avermes. Elle est ensuite envoyée à la plaine des Champins jusqu’en 2011. Le public n’est pas au rendez-vous et, en 2012, les forains s’installent place Maréchal de Lattre de Tassigny près du centre-ville.

 

Louis Delallier

 

Voir aussi mes articles sur les fêtes de 1908, 1910 et 1914

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