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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Cours de Bercy : de l'abattage aux accidents

Publié le 18 Décembre 2022 par Louisdelallier in Faits divers

Annuaire de l'Allier 1912

Annuaire de l'Allier 1912

Le mercredi 12 février 1890, à la nuit tombée, le cocher de l’omnibus de l’hôtel de Paris se dirige vers le cours de Bercy pour y prendre un voyageur qu’il doit conduire à la gare. Mais la barricade à l’entrée du cours dont les arbres sont en cours d'abattage n’est pas éclairée, les chevaux s'y prennent les jambes et tombent. Le timon auquel ils sont attelés casse. L’incident n’aura pas d’autre conséquence qu’une interdiction de la circulation aux véhicules pendant la durée des travaux.

Le chantier est jonché de branches, de fagots, d’arbres empilés. Les nombreux bûcherons s’activent à élaguer, couper les troncs et à dessoucher les 129 ormeaux en maniant vigoureusement les haches et les scies. Le danger est présent à tout moment pour eux. On voit aussi des miséreux se servir de petits morceaux de bois subrepticement pour ne pas être taxés de vol.

Les curieux viennent chaque jour constater l’avancée du travail au mépris parfois de leur propre sécurité. C’est ainsi que, dans l’après-midi du 18 février, Jean Giraud s’approche, avec d’autres personnes, des manœuvres d’abattage le long du mur de l’hôpital, pas très loin de la porte de Paris. Un arbre s’affaisse alors et le blesse très gravement sur le dessus de la tête. Il est aussitôt transporté à l’hôpital pour des soins sommaires destinés à arrêter le sang, puis conduit à l’hôpital Saint-Joseph (place Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny actuelle). On espère encore le tirer d’affaire.

Le lendemain matin, toujours conscient et très fatigué, il déclare souffrir beaucoup. Le journal L’Indépendant qui l’a déjà déclaré mort est tancé par le Courrier de l’Allier du 21, lequel finit par annoncer le décès du pauvre homme dans son édition du 22.

Jean Giraud est mort le mercredi 19 vers 16 heures. Il est enterré le vendredi suivant, c’est-à-dire le 21, ce qui tend à prouver que messieurs les journalistes du Courrier n’ont pas vérifié leur information, pressés sans doute de mettre en défaut leur concurrent.

Jean Giraud avait 57 ans. C’était un ancien surveillant municipal du marché couvert qui vivait boulevard du Champbonnet (bd Charles-Louis-Philippe aujourd'hui). Le 25 février, le Courrier de l’Allier explique qu’en 1888 la Ville lui avait retiré son poste de surveillant pour le remplacer par une personne qu’elle payait mieux (1000 francs au lieu de 600 francs quand même). Il conclut qu’il a été deux fois victime des élus moulinois. Peut-être cette injustice et ce décès ne sont-ils pas pour rien dans l’écrit incendiaire du « Passant » publié par le Courrier le surlendemain (voir mon article du 11 décembre dernier).

 

Louis Delallier

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