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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Rencontre fructueuse sur le quai de la gare de Moulins en août 1921

Publié le 24 Mars 2024 par Louisdelallier

Rencontre fructueuse sur le quai de la gare de Moulins en août 1921

Moulins, dimanche 28 août 1921, 15h 45, l’inspecteur de la police judiciaire de Paris, Louis Bonardi, descend du train. Il arrive de Charolles et compte se rendre à Pougues-les-Eaux dans la Nièvre par l’express de 16h 07. Il est à la recherche d’un escroc nommé André Alarçon qui y a été vu dans une voiture.

Il passe le temps en arpentant le quai et tombe nez à nez avec Louis Gilard, dont il avait été le sergent pendant la guerre. Les deux hommes, heureux de se retrouver, entament la conversation. Gilard se souvient bien que son supérieur souhaitait entrer dans la police. Il explique qu’il attend sa femme venant de Charolles. Cette information anodine met aussitôt Bonardi en éveil. En effet, la femme de l’homme qu’il poursuit vient d’être arrêtée là-bas et a déclaré aux gendarmes avoir divorcé d’un certain Gilard. Bonardi observe alors attentivement son vieux camarade et constate avec surprise que la description physique d’Alarçon lui correspond.

Il ne lui faut pas longtemps pour demander clairement à son interlocuteur s’il n’aurait pas une autre identité. Ce dernier, tout en espérant une indulgence amicale, reconnaît spontanément quelques bêtises qui l’ont conduit à cette dissimulation et reste incrédule quand il s’entend sommer de prendre le chemin de la gendarmerie. Il obtempère néanmoins.

Les gendarmes trouvent sur lui 121 000 francs (154 777 euros) et, dans un hôtel de Bourbon-l’Archambault où il a logé la veille, de faux bons de cession pour les régions libérées, qu’il a lui-même fabriqués. Il est sous le coup d’un mandat d’amener à la suite de la plainte déposée par M. Doumas, son ancien associé d’une maison parisienne de commission et d’exportation. L’usurpation d’identité a été réalisée au détriment d’un militaire d’un régiment du Maroc dont il a déserté en 1917. A Casablanca, Gilard lui a « emprunté » passeport, livret militaire et certificat de réforme (méfait amnistié depuis).

Il est transféré à Paris où il sera condamné à deux ans de prison et 1 000 francs d’amende pour tentative d’escroquerie, escroquerie et abus de confiance. Pas vraiment échaudé par ces déboires, il continuera encore pendant des années à abuser financièrement de quelques personnes. Il meurt le 23 juin 1972 à Créteil dans le Val-de-Marne. Il était père de trois enfants avec Eudoxie Legrand, sa femme.

L’inspecteur Bonardi, lui, mène sa carrière tambour-battant si l’on en croit les nombreux articles de journaux nationaux relatant quelques-unes de ses enquêtes et arrestations les plus marquantes. Les affaires dont il est chargé sont souvent très sérieuses et concernent plusieurs meurtres et cambriolages. Marié et père de trois enfants, il décède le 27 décembre 1954 à La Ménitré dans le Maine et Loire.

 

Louis Delallier

 

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