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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Janvier 1934, Moulins se distrait

Publié le 17 Janvier 2021 par Louisdelallier in Fêtes

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Pour se donner du cœur à l’ouvrage et adoucir la froidure hivernale, les habitants de Moulins et des environs disposent d’un choix abondant de bals ouverts à tous où ils pourront virevolter des heures au son des meilleurs orchestres du coin pour un droit d’entrée modique.

Dès le samedi 6, la grande salle de l’université populaire, remise à neuf grâce à la municipalité, accueille un public nombreux au milieu des plantes vertes, fleurs naturelles, guirlandes et sur un parquet ciré à la perfection pour le bal annuel de la Mutualité animé par l’orchestre Gaud. La décoration a nécessité la participation du peintre moulinois Louis Arpagaus, du fleuriste Franchisseur, de la société des menuisiers, des maisons Meillet « Le Vieux Chêne » et Melin, ameublement. Monsieur Laurent, propriétaire de la brasserie des Cours, en tenue de fête, et ses jeunes aides ont préparé un buffet savoureux et sans excès de prix. Les sociétés locales sont presque toutes représentées.

En même temps, les salons de l’hôtel de Paris se remplissent des danseurs et danseuses venus pour le grand bal annuel de bienfaisance au profit de la caisse de secours mutuels des employés des contributions indirectes. Les musiciens de l’orchestre, infatigables, jouent jusqu’au petit matin. Des attractions et la distribution de la galette des rois ne font pas retomber l’ambiance. L’élégance féminine moulinoise est particulièrement admirée.

Le lendemain, le groupe artistique de la Chorale propose, à l’université populaire à peine libérée des festivités de la veille, une matinée dansante dont le buffet est à nouveau l’œuvre du chef de la brasserie des Cours.

A peine une petite semaine après, le samedi 13, les flonflons reprennent dès 21 heures, dans les salons de l’hôtel de l’Allier. A l’initiative de la chambre syndicale de la boulangerie de l’Allier, le bal des boulangers, ouvert à tous, alterne dès 21 heures les danses modernes et anciennes puisqu’il faut penser à toutes les générations. À minuit, les lots annoncés, dont un cochon de lait et beaucoup d’excellentes brioches, sont attribués. Messieurs Durin, président de la chambre syndicale, et Jouanin, secrétaire administratif veillent au bon déroulement de la soirée.

Les voyageurs et représentants de commerces entrent dans la danse, ce même jour, après leur banquet annuel à l’hôtel de Paris.

Dans l’après-midi du dimanche 14, on peut se rendre à la salle des fêtes de l’université populaire pour la matinée dansante des pupilles de la nation dont l’association a fait appel à la brasserie des Cours, encore une fois, et à l’orchestre Bouquet, ou se rendre à la salle du Pont-Ginguet au bal des « poulbots » moulinois, mis en place par le comité des fêtes. Gâteaux, bonbons, jouets et galette des rois sont les petits plus destinés aux enfants. Odette Rezouli et Aldo Sandona seront reine et roi le temps de la fête et repartiront avec un livret de caisse d’épargne doté de 50 francs (36 euros) chacun.

Le premier bal de l’imprimerie a lieu le samedi 20 janvier dans les salons de l’hôtel de l’Allier sous le patronage du maire et la présidence d’honneur des maîtres imprimeurs. Les messieurs non munis de la carte gratuite d’entrée doivent s’acquitter de la somme de 5 francs pour entrer, bien au-dessus des quelque 2 à 3 francs exigés ailleurs (1 franc équivaut à 0,73 euro). 

 

D’autres distractions et agapes permettent d’affronter l’inclémence de la température et les journées courtes. Parmi elles,

le banquet des garçons limonadiers et restaurateurs à la brasserie des Cours, le 8 janvier à 21 heures, précédé d’un apéritif au café Dutour à partir de 19 heures,

le concours de belote de la société de pétanque de la Boule, le samedi 13 janvier, 20h 30, à l’hôtel Darmangeat place aux Foires (place Jean-Moulin actuelle),

le banquet annuel de l’amicale des Berrichons et des Nivernais à l’hôtel du Dauphin, le  dimanche 21 à midi

le banquet de la Boule moulinoise au restaurant Gilbert rue de l’Horloge, même jour, même heure.

 

Les concerts dont ceux de la Lyre moulinoise et les séances de cinéma sont les bienvenus. L’American (ancêtre du Colisée cours Anatole France), l’Artistic (place Garibaldi) et le Palace (avenue Théodore-de-Banville) changent leur affiche toutes les semaines :

Arsène Lupin avec John et Lionel Barrymore,

L’Ami Fritz avec L. Dubosc et Madeleine Guitry,

Château de rêve avec Lucien Baroux, Edith Méra, Jaque Catelain,

Le Père Noël de Walt Disney,

Vous serez ma femme avec Alice Field, Roger Trévoux, Lucien Baroux,

L’homme à l’Hispano avec Marie Bell et Jean Murat,

Les Surprises du divorce avec Léon Bélières, Mauricet, Nadine Picard,

Madame Butterfly avec Sylvia Sydney,

Conduisez-moi Madame avec Jeannette Boitel, Armand Bernard, Nadine Picard,

Le Coq du régiment avec Fernandel,

etc.

 

Des films sont également projetés dans la salle de la rue du Progrès à 13h 30 et 16h 30 le dimanche (à titre d’exemple, le 21, Dranem au bar, Le chanteur inconnu et les actualités du Pathé Journal).

De son côté, la caisse d’épargne de Moulins diffuse gratuitement trois films, Le Nid, Ames d’enfants et L’ange du foyer, au Palace et à l’American plusieurs soirs par semaine et en matinée le jeudi pour les scolaires (séances à 13h 30 pour les garçons et 16 heures pour les filles). C’est une forme de propagande morale mettant en valeur les bienfaits de l’économie familiale et de la prévoyance.

Et février s’annonce tout aussi festif avec en vedette le carnaval, sixième du nom, qui aura le même succès populaire que ses cinq prédécesseurs (voir mes articles sur les carnavals de 1929 et 1933).

 

Louis Delallier

 

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