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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Joachim de Garidel, marquis de Thoron, des décennies consacrées à l’agriculture bourbonnaise

Publié le 2 Février 2019 par Louisdelallier in Portraits

Joachim de Garidel, marquis de Thoron, des décennies consacrées à l’agriculture bourbonnaise

Voici un personnage local de premier plan qui a régné sur le monde de l‘agriculture bourbonnaise jusqu’à plus de 99 ans.

Ce parisien, né 27 rue du Faubourg Saint-Honoré le 15 octobre 1838, fait son entrée dans l’Allier pour épauler son père dans son exploitation agricole d’Agonges. Passionné et novateur, il développe le domaine familial avec le souci constant du bon choix des animaux reproducteurs qu’il fait venir du Charolais et du Nivernais. Partisan du métayage dont il explique dans un discours qu’il permet « d’opposer une barrière solide aux doctrines néfastes qui menacent l’ordre et la propriété », il crée autant que faire se peut des relations justes et équitables avec ses métayers.

Emile Guillaumin, notre écrivain et syndicaliste paysan,  écrit de lui dans le numéro de mars 1911 du Travailleur rural : « Gentilhomme campagnard, de tempérament actif, M. de Garidel nous semble être le prototype du seigneur anglais, maître de village, qui ne dédaigne pas de s’occuper des choses d’ordre général et de rester en contact avec le peuple. Ces gens-là sont persuadés qu’ils appartiennent à une race supérieure, faite pour administrer, diriger, commander. Et ils acceptent les devoirs que cette situation leur impose. C’est un point de vue.»…

 

Joachim de Garidel renforce son ancrage bourbonnais en épousant le 20 avril 1870 la Moulinoise Valentine du Bouys (1847-1905), fille d’un officier de marine. On lui connaît deux adresses dans l’Allier : l’hôtel de Garidel à Moulins au 7 rue Diderot et le château de Beaumont à Agonges  et une en Loire-Atlantique à La Baule. Il s’agit là-bas d’une solide et imposante villa, La Garidelle1, œuvre de l’architecte moulinois René Moreau en 1912.

 

Pleinement inclus dans la ruralité bourbonnaise, monsieur le marquis exerce de nombreux mandats tout au long de sa très longue vie dont la présidence de la Société d’agriculture pendant 64 ans, soit de 1874 à sa mort. Il est nommé censeur de la banque de France dès 1878 et le reste durant 61 ans. Il fonde le syndicat départemental des agriculteurs de l’Allier en 1887 et entre au conseil d’administration de la société des agriculteurs en 1895. Il est élu au conseil municipal d’Agonges. Parmi les distinctions reçues, la Légion d’honneur figure en bonne place. D’abord chevalier en 1928, il accède au grade d’officier en 1932. Il est l’auteur de Lettres sur la pratique du métayage dans le département de l’Allier avec monographies de six domaines exploités à moitié fruits en 1881.

 

Les animaux d’élevage tenant une place prépondérante dans sa vie, il est naturel que le concours agricole2 de Moulins représente pour lui un évènement de la plus haute importance. Il a l’habitude de le parcourir à cheval (il montera jusqu’à l’âge de 95 ans) chaque année la veille de son ouverture. A 99 ans, il se fait encore présenter tous les animaux exposés. Il favorise la création du concours porcin de Neuilly-le-Réal en 1926 et du concours d’animaux gras de Varennes en 1930.

 

Toute vie ayant une fin, monsieur de Garidel-Thoron meurt au château de Beaumont le 30 décembre 1937. Ses obsèques se déroulent le lundi 3 janvier 1938 à Agonges sans discours, sans fleurs, sans couronnes selon sa volonté. À 9h 30, le cercueil, placé sur une charrette tirée par quatre bœufs est conduit  à l’église d’Agonges pour une messe dite par l’abbé Petot. La tradition se poursuit avec le transport au cimetière du cercueil par six métayers du domaine du marquis, signe d’attachement réciproque. Parmi les 700 à 800 personnes présentes aux côtés de la famille, on identifie messieurs Adam, préfet de l’Allier, Boudet, député-maire de Moulins, Beaumont, sénateur, de l’Estoille et de Nicolaï, vice-présidents de la société d’agriculture3 de l’Allier, Amiot, vice-président honoraire, Chambron, secrétaire général, Chevalier, trésorier, Pérodeau, directeur de la banque de France, Bidet, directeur des services agricoles de l’Allier, Faucheux, directeur des services vétérinaires départementaux, Pradon-Vallancy et Maurice, conseillers généraux, etc.

 

Louis Delallier

 

 

1 - Sans doute un jeu sur l’homophonie entre le nom de famille et  la garidelle fausse nigelle, plante des moissons très rare qui, en France, ne pousse plus que dans le Vaucluse. La villa de style « dissymétrique médiéval » en moellons de granit et couverture en ardoise, est vendue en 1922 à la famille de Galard et devient en 1929 le castel Marie-Louise du nom de l’épouse de son nouveau propriétaire, François André concessionnaire du casino de La Baule. Il la transforme en hôtel avec l’aide de Ferdinand Ménard, architecte nantais. Aujourd’hui, le castel Marie-Louise est un hôtel de luxe. 

 

2 – Le concours agricole de Moulins est créé par la société d’agriculture de l’Allier en février 1886 et se tient annuellement sur la place aux Foires (actuelle place Jean-Moulin). À partir de février 1901, les animaux trouvent un abri dans le hall de l’agriculture sur le cours de Bercy, réalisation de la société d’agriculture.

 

3 - Les élections à la société d’agriculture le 25 février 1938 portent à la présidence monsieur de l'Estoille.

Joachim de Garidel, marquis de Thoron, des décennies consacrées à l’agriculture bourbonnaise
Hôtel de Garidel-Thoron, rue Diderot à Moulins

Hôtel de Garidel-Thoron, rue Diderot à Moulins

La Garidelle à La Baule

La Garidelle à La Baule

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