En ce début décembre 1941, dans cinq magasins moulinois où l’on peut acheter des jouets, l’approvisionnement reste suffisant même si, après deux ans de guerre, les choses changent.
Aux Galeries bourbonnaises de l’avenue Théodore-de-Banville, les vitrines présentent des chevaux en carton ou en bois, des poupées, des boîtes de construction. A l’intérieur, on retrouve de nombreux exemplaires de poneys, de percherons installés à côté des animaux en peluche bourrés de sciure : ours, chiens, singes, volatiles. Le Directeur, Monsieur Laugé constate quelques différences dans les livraisons avec les années d’avant-guerre. Les poupées, baigneurs et bicyclettes d’enfant sont devenus rares. Le mécano d’origine anglaise a disparu comme il se doit. Il reste le mécano standard fabriqué en France. Il propose à la vente des instruments de musique enfantins comme un piano à queue, des boîtes à peinture, des jeux des 7 familles. La poupée couramment vendue provient de l’Est de la France. Les jouets en fer sont fabriqués à Clichy, à Levallois-Perret principalement. Ils sont faits avec des boîtes de conserve vides développées et laminées avant d’être envoyées aux fabricants. Chaque carré de fer blanc est bon à prendre. Aux Galeries bourbonnaises, on travaille en famille. Madame Laugé et les enfants sont sollicités par Monsieur Laugé.
Aux Nouvelles Galeries, rue d’Allier (Monoprix, maintenant place d’Allier), Louis Mathiaux qui dirige le magasin reconnaît des restrictions d’éclairage et une exposition de moins bonne qualité que celle d’avant-guerre. Les jouets sont encore nombreux au rez-de-chaussée et au 1er étage. Mais, le 2e étage est assez vide. Les bicyclettes d’enfant manquent. Néanmoins, il reste les tambours, les escadrilles d’avions, les chevaux, les animaux de toutes races, les instruments de musique, les outils de jardinage, les brouettes, les établis de menuisier, les toupies, les mécanos-standard là aussi, les cubes de bois, les poupées, les baigneurs, les petits lits et voitures de poupée.
Chez Mus, spécialisé dans la lunetterie et les articles de photographie, les stylos au carrefour des rues d’Allier et de la Flèche, l’exposition de jouets animés à l’électricité dans la vitrine n’existe plus. Ici, l’approvisionnement est déficient. Le propriétaire n’a reçu aucune réponse à ses lettres de commande.
Au Grand bazar de marché à l’angle rue de la Batterie et rue Gambetta (actuellement occupé par un opticien), les vitrines sont remplies d’objets les plus divers. Monsieur Garampon est satisfait de pouvoir mettre en vente cette année encore des petits établis, des brouettes, des mailloches, des scies, des quilles, des jouets mécaniques et une grande variété d’animaux : chevaux, ânes, ours, pigeons ou colombes perchés sur des branches d’arbre.
Au confort de bébé, rue de la Batterie, les jouets complètent le fond ordinaire de matériel et objets pour les bébés. Un baigneur noir vêtu de bleu dans sa chaise trône au milieu des petites chaises, dînettes, coquetiers, vases et hochets. Madame Foucrier se plaint de ne plus être assez fournie en accessoires pour la petite enfance. Les commandes sont passées et elle attend encore la livraison. Les voitures d’enfant, les lits, les chariots, les landaus sont exposés comme le reste de l’année.
On remarque qu’aucun soldat de plomb ne figure dans les étalages de jouets !
Louis Delallier