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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Noël 1856

Publié le 23 Décembre 2024 par Louisdelallier in Noël, Commerce

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Pompe et solennité sont de mise pour les messes de ce Noël 1856 comme il sied à une époque où cette fête est encore très majoritairement celle de la Nativité. Les fidèles se pressent dans les églises. La cathédrale où monseigneur de Dreux-Brézé célèbre l’office n’est même pas assez grande pour accueillir tout le monde d’où un certain relâchement dans le recueillement.

Cette manifestation de foi n’empêche pas les affaires. Les commerçants ne perdent pas de vue ces réunions familiales multipliées dans les milieux aisés, occasions de se faire beau, belle, d’offrir des cadeaux et de préparer des repas plus fins et plus copieux. Ils annoncent leurs meilleures offres plusieurs semaines à l’avance et font état de leurs emplettes parisiennes fructueuses.   

M. Dauvergne, 14 rue de l’Horloge, est de retour de la capitale avec un choix forcément large de bijouterie en or et en argent doré, d’orfèvrerie en argent, en bon plaqué et en ruolz*, de bijouterie pour deuil et d’objets pour étrennes. Une commission est comprise dans le prix de tous les articles qu’il a achetés à Paris. Peut-être a-t-il rencontré à Paris son proche concurrent (au n° 13), M. Boussac. Celui-ci affiche sa préoccupation constante de satisfaire ses clients, notamment avec ses achats parisiens.

La maison Pichot-Riffier, rue Billonnat (haut de la rue d’Allier) en face de la banque Watelet frères, a rapporté de son expédition parisienne un grand assortiment de vêtements confectionnés pour la saison d’hiver à prix très modérés. Elle se charge comme par le passé des vêtements sur mesure.

Au Bon Pasteur, 24 rue Saint-Pierre (rue Voltaire) près de l’évêché, Paul Pichot, frère du précédent, a fait provision comme à aucun autre moment de l’année d’une immense gamme d’habillements confectionnés pour hommes et jeunes gens, d’articles de modes nombreux et variés. Malgré l’augmentation du prix des étoffes, il maintient des tarifs avantageux pour des marques connues et assure exactitude et soin dans la confection de ses vêtements sur mesure. Dans son stock, des vêtements imperméables depuis dix francs dont des Mackintosh, des paletots d’hommes depuis treize francs, des chemises, cols et cravates, des robes de chambre et vêtements d’enfants ainsi que des tissus caoutchoutés de la maison Rattier à la Plaine Saint-Denis.

Pour parfaire les tenues de fête, la maison Maurel-Girard, 18 rue de l’Horloge, spécialisée dans les modes et coiffures, offre une grande variété de rubans haute nouveauté, de plumes, fleurs, voilettes, dentelles, parures de soirées. Elle profite pour rappeler qu’elle tient à la disposition de sa clientèle des fioritures pour mariages et des articles de deuil. Il faut bien penser à l’avenir !

Les fourrures s’achètent au n° 16 rue des Grenouilles (rue d’Allier entre les rues de l’Horloge et Voltaire). La fabrique Cavy de Nevers en garantit la qualité récompensée par une médaille de 1ère classe à l’exposition universelle de 1855 : petit-gris pour les garnitures, visons d’Amérique, du Canada ou de Sibérie, martres des Pyrénées, de Prusse, du Canada, paletots de chèvres et autres fourrures, manchons Victoria mouchetés.

Chez Roche, 22 rue Notre-Dame (rue François-Péron), en face de la cathédrale, ce sont des jouets d’enfants et des objets de fantaisie pour étrennes qui attendent les acheteurs.

La boutique de Pierre Enaut, 6 rue Saint-Pierre (rue Voltaire), imprimeur-éditeur, vend des livres richement reliés, des cartonnages, de la papeterie, des buvards, des nécessaires de voyages, écritoires, presse-papier, coffrets, boîtes de couleurs et des objets religieux.

Pour les ingrédients nécessaires aux agapes, il est vivement recommandé d’entrer chez M. Mauguin, 11 rue des Grenouilles. Il ouvre chaque année un magasin de comestibles dans son Hôtel du Centre. Il promet abondance et diversité : poissons de mer, homards frais et vivants, jambons de Bayonne, de Mayence, de Reims, de Troyes, langues fumées écarlates, boîtes de conserves alimentaires, truffes fraîches et de conserves, pots de beurre de Bretagne, anchois et sauce anglaise, poivre, piment et curry à l’indienne. Il se charge de procurer tous les primeurs et articles étrangers en commandant quelques jours à l’avance et expédie dans tout le département.

Pour la boisson, M. Vidau, installé 7 place de Paris avec dépôt 3 cours Doujat (cours Anatole France), s’est mis en quatre pour approvisionner son magasin de vins fins et liqueurs en temps et heure afin de préparer des paniers de vins assortis à des prix très modérés comme il se doit. Il faut compter le prix du panier en plus si on tient à le conserver. Les bouteilles vides peuvent être reprises pour 12 centimes. Kirsch, rhum, eau-de-vie fine de Cognac, Champagne et autre Marie-Brizard dont il est le dépositaire spécial garnissent également les rayons.

Panier de dix bouteilles à 26,75 francs franco à domicile :

Quatre bouteilles Fleury ou Saint-Georges/ deux grands Bourgogne Pommard et Volnay/ quatre Bordeaux/ un Madère/ un Champagne.

Trente-cinq bouteilles à 51,25 francs franco à domicile :

Huit bouteilles Beaujolais, Fleury ou Saint-Georges/ 4 grands Bourgogne Pommard et Volnay/ huit Bordeaux/ deux Madère/deux Champagne, 1 Malaga.

Pour cinquante bouteilles et au-dessus à 100 francs franco de port à domicile :

Quinze bouteilles Beaujolais, Fleury ou Saint-Georges/ huit grands Bourgogne Pommard et Volnay/ quinze Bordeaux/ quatre Madère/ quatre Champagne, deux Malaga, deux Frontignan.

Les incontournables chocolats sont en vente chez les meilleurs revendeurs moulinois :  chocolats de l’ancienne maison Marquis de Paris et de Londres, au cacao reconnu comme meilleur par le Courrier médical, chocolats non moins parfaits Borel et Kohler de la rue de Rivoli, au cacao mexicain, médaille de première classe, chocolat Saintoin frères d’Orléans (parmi les premiers à avoir donné leur nom à leurs produits), médaillé à l’exposition universelle de 1855, chocolat Menier aux propriétés particulières, sans autre précision.

Depuis, cent-soixante-huit ans ont passé.

Joyeux Noël 2024 !

 

Louis Delallier

 

*Alliage de cuivre, nickel et argent mis au point par le comte de Ruolz

** Gratification annuelle distribuée au début du mois de janvier principalement aux personnes exerçant un métier de service comme les ramasseurs de poubelles, facteurs, porteuses de pain, gaziers, concierges, serveurs, cochers. Tradition comprenant aussi de petits cadeaux en famille ou entre amis.

Mémorial de l'Allier du 21 décembre 1856

Mémorial de l'Allier du 21 décembre 1856

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