Le dimanche 2 mars, les Moulinois sont réveillés à 4h 30 par la Sirène de Jacquemart. La pâtisserie Boulin, 31 rue Régemortes, est en feu. Parti du laboratoire situé à l’arrière du magasin, donnant sur la rue Jean-Bart, le sinistre a gagné le fournil et un local de la pharmacie Biguet. Une grosse pompe, au coin de la place du maréchal Pétain (actuelle place d’Allier), est branchée sur une bouche d’incendie importante et une deuxième est installée place Garibaldi près de l’immeuble en feu. Il faut empêcher coûte que coûte que les flammes n’atteignent la pharmacie et la graineterie Lepic de l’autre côté. Ce sera chose faite grâce au travail des pompiers dont le capitaine Forestier et le lieutenant Bouterige dirigent les manœuvres. Ils sont assistés des gendarmes français parmi lesquels on reconnaît messieurs Gladieux capitaine et Léger adjudant, des policiers Gilbert Décharnes, brigadier-chef, et Julien Costant, sous-brigadier. La gendarmerie allemande leur prête main-forte.
Cette fois encore, René Boudet, maire, et l’un de ses adjoints, Jean Dufloux, monsieur Roche, chef de cabinet du préfet Porte, le commissaire de police André Perrad, monsieur Pourpognot inspecteur des sapeurs-pompiers de l’Allier sont « sur zone » comme on dit maintenant...
L’incendie maîtrisé, il convient de constater les dommages qui sont là aussi couverts par une assurance. Peu de temps après, monsieur Biguet, le pharmacien, fait savoir qu’il est acheteur de toutes bouteilles blanches graduées. Son stock n’a pas résisté à la chaleur.
Cette série crépitante se termine le vendredi 25 avril en début de nuit. A 20h 40 précises, la sirène de Saint-Pierre est déclenchée pour deux coups, soit le quartier de la rue de Paris. Les hôtels particuliers n° 44 et 46, autrefois, occupés par mademoiselle Thonier brûlent. Le plus proche de la porte de Paris, l’hôtel Héron est la maison natale du maréchal de Villars.
Il est indispensable de faire barrage à la foule qui se hâte et s’approche imprudemment pour mieux profiter du spectacle. Qui sont les premiers arrivés ? Le préfet Porte et son chef de cabinet, Roche. Peu après, on voit se hâter René Boudet, le maire, et André Perrad, le commissaire de police qui auront souvent eu chaud pendant ces quelques semaines…
L’eau, pompée dans la cour du palais de justice, est conduite par les tuyaux déployés dans la rue. Les pompiers se démènent jusque vers 22 heures, commandés par les gradés habituels, à savoir le capitaine Forestier et le lieutenant-adjudant Léger. L’armée allemande les épaule. La gendarmerie est présente tout comme le brigadier-chef de la police de Moulins, Gilbert Décharnes et de nombreux agents.
Le feu aura détruit complètement la toiture et une grande partie de l’intérieur des propriétés. Il reprend vers trois heures du matin et nécessite une deuxième intervention musclée pour éviter une nouvelle propagation. Un défaut de ramonage des cheminées pourrait avoir été la cause de l’incendie.
Louis Delallier