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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Mars 1940, le cinéma Artistic flambe !

Publié le 10 Mars 2024 par Louisdelallier in Incendies

Le Progrès de l'Allier - 6 mars 1940

Le Progrès de l'Allier - 6 mars 1940

Samedi 9 mars, la séance vient de commencer. On projette Place de la Concorde avec Albert Préjean*, un film de 1939 à l’affiche depuis le 6 mars. Vers 21h 15, des craquements soudains se font entendre. Ils précèdent de peu de la fumée et des flammes provenant de la cabine de projection dont l’opérateur sort sain et sauf.

L’agent de service, M. Siret, se fait un devoir de faire évacuer la salle et d’appeler le bureau de police. Les soldats cantonnés dans la salle de bal du cinéma (la guerre dure depuis un peu plus de six mois) sont prévenus. Devant la rapidité de la propagation de l’incendie, ils sortent leurs literie et matériel dans la cour et sur la place Garibaldi.

Une pompe de la ville est rapidement mise en action avec l’aide des pompiers et des militaires, suivie d’une deuxième peu après. René Boudet, maire, et André Perrad, commissaire de police, dépêchés sur les lieux sont rejoints par M. Adam, préfet de l’Allier, monsieur Dobinet, chef de cabinet du préfet, le colonel d’Humières (à l’origine de l’explosion du pont Régemortes le 18 juin), commandant la place de Moulins, le commandant Thuret, le commandant des gardes mobiles, le commandant et le capitaine de gendarmerie, l’adjudant de gendarmerie Léger et ses gendarmes, le sous-brigadier Julien Costant et plusieurs agents.

Malgré la bonne volonté de tous les sauveteurs, le feu s’étend avec une certaine facilité à cause des boiseries peintes, des tentures et de la charpente. Sur le coup d’une heure du matin, il semble s’éteindre. Mais vers 4h 30, une nouvelle alerte ramène sur place les pompiers basés à l’Université populaire (rue Diderot) qui en viennent à bout sans difficultés. Mais le surlendemain vers 6h 30, une troisième alerte est donnée par M. Virlogeux, boucher rue Régemortes. Après trois-quarts d’heure de déversement d’eau, tout danger est écarté.

M. Coulon, propriétaire, est mis au courant par téléphone car il est mobilisé et se trouve à Nice en compagnie de sa femme qui l’a accompagné. Il apprend que les dégâts matériels, seulement, sont évalués à plusieurs centaines de milliers de francs. Ils comprennent la perte des films au programme.

D’après l’opérateur interrogé par le commissaire de police, un court-circuit ou une défectuosité des charbons de l’appareil de projection serait à l’origine du sinistre.

La réouverture n’interviendra que le jeudi 12 novembre 1942. Les spectateurs découvrent un hall, une salle, un écran et une scène modernes, aux couleurs claires. On leur assure les derniers perfectionnements du matériel de projection et une atmosphère de jeunesse et de sécurité grâce aux précautions prises pour que l’accident de 1940 ne se reproduise pas. Les Musiciens du ciel avec Michèle Morgan, tourné en 1939, est présenté ce soir-là.

 

Louis Delallier

 

*Aviateur pendant la Première Guerre, membre de l’escadrille des Cigognes (ou groupe de combat n° 12) aux côtés de Georges Guynemer et Roland Garros, il est décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Il commence sa carrière dans des rôles de jeune premier issu du peuple.

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