Un jeune domestique d’Avermes reçoit une lettre, le samedi 31 mars 1906. Son contenu est une vraie surprise. Il en est tout retourné. Il y pense toute la journée s’imaginant un avenir intéressant et en rêve même la nuit suivante.
Voici les lignes qui chamboulent le jeune homme après avoir lu le nom de leur auteur :
« Monsieur on m’a appris que vous aviez l’intention de vous placer dans une maison bourgeoise. Comme on m’a fait grand éloge de vous, je viens vous proposer d’entrer à mon service en qualité de valet de chambre.
Je vous attendrai dimanche entre 7 heures et 8 heures du matin sur le square de la République. Nous débattrons ensemble les conditions de notre contrat »
Théodore de Banville
Pas question pour lui de se mettre en retard, le dimanche matin. Il est à l’heure au rendez-vous, très impatient et honoré que le grand écrivain moulinois ait entendu parler de lui en d’aussi bons termes.
A 7 heures, le jardin de la gare est désert et il n’y fait pas chaud en ce printemps tout récent. Une demi-heure s’écoule. Théodore de Banville ne se montre toujours pas. Le jeune homme se décide à entrer dans un café avec vue sur la place pour se mettre au chaud tout en continuant à surveiller les piétons. Il finit par aller et venir pour se calmer en regardant dehors. Le patron observe ce manège et en arrive à demander à son client ce qu’il attend comme ça. Ce dernier lui raconte qu’il doit rencontrer son futur employeur qui est quelqu’un d’important. Le patron insiste pour savoir de qui il s’agit. Lorsqu’il entend la réponse, il ne peut qu’en rire.
On est le 1er avril… Il explique au pauvre gars que le seul Banville qu’il pourra voir est assis dans son fauteuil depuis presque 10 ans. C’est la statue du square (toujours en place au XXIe siècle).
La réputation de Théodore de Banville était bien arrivée jusqu’à Avermes, mais, semble-t-il, pas l’annonce de son décès intervenu en 1891 !
Louis Delallier