Ce qui pourrait être une partie de l'ancien silo en novembre 2014 (vue depuis voie ferrée) Photo Louis Delallier
Au début de l’année 1946, le silo à grains de Moulins, situé à proximité de la gare de triage, montre des signes avant-coureurs d’abandon comme une grille d’entrée rouillée, de l’herbe sur la voie ferrée d’accès. La guerre est passée par là. Même si elle a peu détruit de bâtiments, elle a enlevé une main-d’œuvre dans la force de l’âge. Avec la fin du conflit et le retour des prisonniers, on attend une reprise qui arrive enfin dans le courant de l’été.
Dès le 1er août, plus de 7 000 quintaux sont arrivés de Bresnay, Besson, Souvigny, Bessay, seules des 24 communes de la région moulinoise à avoir déjà procédé au battage. La qualité des appareils utilisés par les agriculteurs permettent d’obtenir des récoltes plus soignées. Besson et Souvigny ont livré des blés très lourds et très propres faisant 77 et 78 de poids spécifique alors que la moyenne en 1946 est de 75 (rapport entre poids et volume).
Une prime de 100 francs par quintal apporté avant le 30 septembre incite les cultivateurs à livrer rapidement. Mais, certains des blés ne sont pas assez mûrs et risquent de provoquer des pertes de récolte. De plus, comme tout le monde veut livrer en même temps, les magasins sont engorgés et ne peuvent plus absorber la moisson. Le manque de sacs pour le transport se fait également sentir. Le directeur aurait préféré des arrivées différées reposant sur une déclaration préalable de quantité récoltée par l’agriculteur. Cette organisation aurait permis aux employés du silo d’aller prendre dans les greniers au fur et à mesure des besoins.
Au moment de la livraison, les camions se placent devant le quai où la cargaison est débarquée après pesage et prélèvement d’échantillons. Les grains sont déversés dans une trappe d’environ un mètre carré et passent dans des canalisations en bois d’où un aspirateur très puissant les élèvent jusqu’au sommet du silo dont la hauteur est de 28 mètres. Le blé est ensuite conduit dans un tarare où il est débarrassé de ses impuretés et nettoyé dans un dépoussiéreur. Puis il est dirigé grâce à un ensemble perfectionné de conduites dans d’immenses réservoirs cubiques en béton, ou dans le magasin, vaste hangar aux parois cimentées. On peut y voir d’impressionnants tas de blé, d’une quinzaine de mètres de hauteur. Les systèmes d’ensilage sont à la fois verticaux et horizontaux pour tirer parti des qualités de chacun.
Pour l’expédition, une bascule automatique permet de remplir et de peser très rapidement des sacs de cent kilos. Les wagons arrivent par un embranchement spécial et sont chargés en peu de temps. Le silo alimente les moulins de notre région et ceux des départements moins favorisés. Sa contenance est de 35 000 quintaux.
Le silo de Moulins a été construit courant 1936 par la Compagnie parisienne d’entreprise de Montluçon pour la maçonnerie et la maison Tripette et Renaud, rue Jean-Jacques Rousseau à Paris pour l’appareillage mécanique. Il est du même modèle que celui de Gannat un peu plus important.
Louis Delallier
Voir mon autre article sur le même sujet (avril 2013)