Né à Clermont-Ferrand le 20 octobre 1852, Guillaume Barbe s’installe à Moulins en 1878 où il exerce comme professeur de gymnastique au lycée Banville, à l’Ecole normale d’instituteurs et à l’école primaire supérieure. Cet ancien combattant volontaire de la guerre de 1870 est sensible au discours ambiant de revanche sur les Prussiens. Quelle meilleure formation que la gymnastique pour de futurs soldats sains de corps et d’esprit qui rendront son honneur à la France ? Fort de son expérience dans l’éducation physique de la jeunesse (il a créé l’Arvernoise à Clermont-Ferrand en 1874), il fonde la Bourbonnaise* le 24 décembre 1878 avec quelques amis. Parmi ceux-ci figure Emile Faguet (futur académicien), professeur de rhétorique au lycée Banville, qui sera le premier secrétaire de la toute nouvelle société. Grand patriote et souhaitant inculquer aux jeunes enthousiasme et bonnes pratiques, Guillaume Barbe contribue à la création de La Vichyssoise, la Saint-Pourcinoise et la Montluçonnaise.
Bien entraînés et motivés par leur directeur jusqu’à sa mort en juin 1916, les gymnastes moulinois remportent des succès notables dans diverses compétitions locales et extérieures. Ils participent à de nombreuses manifestations où leurs démonstrations sont suivies avec intérêt. Pendant 10 ans, les entraînements se font dans des baraquements sur le quai d’Allier. À partir de 1889, ils ont lieu à l’angle du boulevard de Courtais et de la rue de Bardon, dans une propriété que vient d’acheter la municipalité moulinoise pour la transformer en gymnase.
Le 15 avril 1884, Guillaume Barbe a épousé Antoinette Herrier, née comme lui à Clermont-Ferrand (27 février 1865) dont il aura deux enfants : Paul (21 septembre 1885) et Louise (23 septembre 1888). Il meurt le 11 juin 1916 chez lui, 4 boulevard du Champbonnet à Moulins (actuel boulevard Charles-Louis Philippe).
Le jour de ses obsèques, « ses » jeunes sportifs sont peu nombreux pour lui dire adieu, car la plupart sont sur le front où ils peuvent constater l’utilité de la pratique sportive contre les obus, les mitrailleuses…
Cela n’empêche pas monsieur Carnel, adjoint au maire de Moulins, de tenir un discours exalté sur la culture physique : « … Combien de jeunes gens ne lui doivent-t-ils pas la santé robuste qui leur permet de remplir aujourd’hui leur devoir sur le front de nos armées ! » Et encore « … A leur retour, ils viendront sur votre tombe pour dire : dormez en paix, cher monsieur Barbe, nous vous avons vengé ! ».
Guillaume Barbe ne saura pas que son fils Paul mourra pour la France, à la suite de ses blessures, le 16 décembre 1916 à l’ambulance de Dugny dans la Meuse. Le sous-lieutenant à la 22e compagnie du 321e régiment d'infanterie, Paul Barbe, est décrit par ses supérieurs militaires comme un « Excellent chef de section, [qui] a brillamment entraîné sa section lors des attaques de … (illisible) du 24 octobre et a su par son courage et son sang-froid la maintenir sous un violent bombardement ». Après sa mort, un de ses chefs écrit, le 9 janvier 1917, en guise de conclusion à son dévouement, « Chef de section remarquable par son courage et son énergie a brillamment entraîné sa section lors des attaques des 15 et 16 décembre en s'emparant de 60 prisonniers et d'une mitrailleuse. Grièvement blessé lors de la progression de nuit qui suivit la première attaque». Cet exploit mortel lui vaudra la Croix de guerre avec étoile de vermeil et palme. Et aussi une inscription sur le monument aux morts de Pontarlier où il vivait avec son épouse Henriette...
Louis Delallier
*Société toujours très active et florissante malgré son grand âge.