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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

L’Écrasée vivante au vélodrome de Moulins

Publié le 16 Novembre 2019 par Louisdelallier in Cyclisme, Sport

Le vélodrome (Moulins d'hier 1815 - 1918 par Henriette Dussourd, 1967)

Le vélodrome (Moulins d'hier 1815 - 1918 par Henriette Dussourd, 1967)

On annonce un évènement sensationnel à Moulins le dimanche 22 septembre 1907, à 14h 30 au vélodrome, l’écrasée vivante ! Amélie Borde, 30 ans, réalisera l’exploit de résister au passage, sur son corps, d’une voiture et ses cinq passagers.

Mais auparavant, vélodrome oblige, des courses sont au programme. On en doit l’organisation au Club sportif moulinois, dirigé par monsieur Nihcer. Les engagements sont reçus chez Monsieur Penne, 5 place de l’hôtel-de-ville. Les places en tribunes et pelouse réservée sont à 2 francs, les premières à 1 franc, les secondes à 0,75 franc. Les militaires et les enfants bénéficient d’une demi-place.

On commence par une compétition de motocyclettes entre Moussier, champion local, et Moreau, qualifié d’audacieux « Morvandiau ». Moussier remporte les trois manches grâce à ses qualités de pilote et la préparation de sa machine. Il empoche le seul prix de 60 francs.

La course cycliste de 10 km est gagnée par Petitet, à plusieurs longueurs devant Joannès, suivi de Grohin. Martinat a dû abandonner à cause d’une chaîne sautée. Petitet repart avec un objet d’art offert par monsieur Nihcer. les 2e et 3e sont médaillés.

Pendant ce temps, les coureurs de l‘épreuve Griffon (marque d’une célèbre bicyclette de l’époque, représentée à Moulins par Charles Coutelard, garagiste en face de la gare) parcourent les 50 km depuis la gare de Moulins vers Lusigny, Chevagnes, Thiel, Chapeau, Neuilly-le-Réal, Bessay et Toulon avant de faire leur entrée au vélodrome sous les applaudissements.

1er Boboul en 2h 7’ 

2e Marius en 2h 10

3e Pellet en 2h 10’ 1/5

4e Saulnier en 2h 12’ 2/5

5e Fragny en 2h 25’ 2/5

6e Dussour en 2h 29’

Très vite, une polémique prend de l’ampleur. On a vu Boboul tiré par une moto entre Neuilly-le-Réal et Moulins. Et très vite aussi, la décision est prise de recourir la course sur piste, donc avec surveillance facilitée*.

Comme le clou de l’après-midi se fait imminent, on passe aussi très vite à autre chose. Amélie Borde s’allonge à plat ventre sur le ciment de la piste, vêtue de façon à prouver qu’elle ne porte aucun corset de protection. Peut-être le silence s’est-il fait. Une automobile de 1 200 kg avec les cinq passagers annoncés, conduite par Charles Coutelard, apparaît. Elle avance sur la jeune femme et lui passe sur le corps sans le moindre dommage pour elle. Chacun en a le souffle coupé.

Raconté comme ça, c’est une prouesse. Si on y ajoute le compte rendu paru dans la Dépêche du 3 juin 1908 sur la performance d’Amélie Borde au vélodrome du Bazacle à Toulouse, « le choc des roues a fait par deux fois rebondir le corps », on ne peut qu’être époustouflé. Toutefois, une autre description explique que Mlle Borde est allongée dans le creux d’un tremplin et que l’automobile retombe  assez loin du corps grâce au calcul savant de la vitesse. Le spectaculaire en prend un coup, mais la raison s’y retrouve.

 

Louis Delallier

 

*le 6 octobre, ce sera chose faite :

1er Boboul - 2e Saulnier à un quart de roue  - 3e Pellet à 400 m

Marius a abandonné. Boboul s’en sort la tête haute ! Son prix est une bicyclette Griffon. Les autres reçoivent une paire de roues et un maillot de cycliste. L’objet d’art offert par l’imprésario de mademoiselle est remis à Saulnier qui s’est montré le plus rapide au cours du dernier kilomètre (1’32’’).

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