Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Place Garibaldi, un lampadaire nommé candélabre

Publié le 15 Décembre 2024 par Louisdelallier

La Croix de l'Allier 12 août 1923

La Croix de l'Allier 12 août 1923

Au cours de l’année 1923, des commerçants de la place Garibaldi et de rues y débouchant décident de lancer une souscription-pétition pour l’installation d’un refuge avec lampadaire pour réguler la circulation. M. Gayard, quincaillier, se fait le porte-parole de ses collègues* auprès des autorités municipales et remet 427 francs représentant leur contribution aux frais estimés à 600 francs. Il ne reste donc à la Ville qu’un complément de 173 francs à fournir.

Le conseil municipal, dont le maire Hippolyte Blanc, ne reste pas sourd à cet effort pécuniaire et, au cours de sa réunion du jeudi 13 décembre 1923, émet un avis favorable. On se dit alors que les choses sont bien engagées.

C’est sans compter sur l’inertie ordinaire et récurrente des décideurs. Décision n’est pas synonyme d’exécution même pour des travaux de petite envergure comme ceux-ci. A la fin du mois d’août suivant, une question est sur toutes les lèvres : quand notre candélabre sera-t-il posé ?

On voit bien un socle de pierre et un poteau en bois placé à côté, mais on pense davantage à un emplacement marqué par un forain en vue de la prochaine foire qu’aux prémices d’un éclairage moderne. Comme cela fait presque neuf mois qu’on attend, on ironise. Le support ayant été récupéré dans les rebuts de matériaux de la voirie municipale, peut-être cherche-t-on un lampadaire très bon marché. Le wagon l’acheminant a-t-il été cambriolé ? On ajoute qu’un tel objet ne devrait pas voyager sans surveillance… A-t-il pris une mauvaise direction ? Vers Oullins par exemple… A-t-il vraiment été commandé ?

Fin septembre, on perçoit une agitation de bon augure du côté de l’hôtel de ville. Enfin, un luminaire fait son entrée. Il a été repéré, lui aussi, dans des rebuts, ceux de la Compagnie du gaz, par Pierre Pourpognot, conseiller municipal. Mais son piédestal est jugé trop petit. Et on se gausse : l’ensemble pourrait participer à une exposition dans la section des objets mal-faits.

Les services municipaux ne sachant pas comment régler le problème, une lampe provisoire est accrochée en haut d’un mât. Quelques jours s’écoulent avant que cet éclairage insuffisant soit remplacé par deux superbes (!) lanternes vénitiennes se balançant de chaque côté d’une planchette posée sur un morceau de bois de stère fiché dans le socle.

Les riverains et les passants imaginent presque le 14 juillet tout proche et croient à une plaisanterie. Ils sont rapidement rassurés par l’annonce d’une implantation vraie de vraie dès que le beau nouveau socle aura fini de sécher. Nous sommes le 12 octobre. Les « Garibaldiens » sont prêts à chanter tous en chœur « Ah ! que nous serons heureux d’avoir un beau candélabre ! » Ils espèrent une inauguration digne de leur attente.

Le 26 octobre, des ouvriers démontent l’espèce de laide colonne qui écorchait le regard. ON est en émoi, on parie sur un superbe réverbère en fer forgé. En effet, ON a quand même largement participé aux dépenses.

Mais il faut se rendre à l’évidence, la place Garibaldi est dotée d’un bec-de-gaz des plus banals dont il faut se contenter.

Un autre rond-point fut l’objet de railleries dans le Progrès de l’Allier du 1er mars 1923. Il s’agit de celui de la Coupole à l’un des angles du jardin de la gare où trône la statue de Théodore-de-Banville. La circulation y est également importante. Des ornières formées dans le pavage se remplissent à chaque fois qu’il pleut. La marche y est rendue difficile sans parler des voitures qui éclaboussent les piétons. Et là aussi, l’éclairage laisse à désirer. Une lampe est suspendue comme une grosse araignée en haut d’une sorte de bâton tricolore. Souci d’économie de la part de la municipalité qui ne manque pas d’idées dans ce domaine ? Le journaliste du Progrès s’amuse à donner la parole à la statue de Banville qui déplore ce manque d’égard à quelque temps de son centenaire. Extrait : Depuis trois mois, j’attends que l’on enlève ce bâton ridicule avec sa mare aux pieds. 

A la mi-août, les grenouillats, toujours là, sont en passe d’être supprimés. Un arrêté municipal oblige l’entrepreneur à reprendre la chaussée dans un délai de trente jours.

 

Louis Delallier

* Quelques commerces de la place Garibaldi : Pharmacie Biguet - Photographie Gaget - Cycles Planat - Fabrique d’huiles Vivier - Boucherie Parizet - Artistic-Cinéma - Quincaillerie-ferblanterie Gayard - Hôtel du Lion d’Or - cinéma L’Artistic

Commenter cet article