En cette veille de la nouvelle année 1899, les commerçants, ceux de la rue d’Allier en premier lieu, se frottent les mains. Les vitrines brillamment illuminées jouent à merveille leur rôle d’attraction. Les clients affluent, vont d’un magasin à l’autre et en ressortent presque tous avec un paquet sous le bras. On se prépare activement et gaiement à fêter le passage d’un an à l’autre, prétexte à bien manger et surtout à trinquer et chanter quand minuit aura sonné.
Les intempéries ne se sont pas pour autant apaisées durant la nuit. La violence du vent ne ralentit pas au point de casser des branches, de faire s’envoler tuiles, ardoises et tuyaux de cheminées. Les communications télégraphiques avec Paris, Montluçon et quelques villes bourbonnaises sont les seules à fonctionner encore, ce qui occasionne des retards dans les dépêches. La pluie ruisselle.
Au matin, une éclaircie temporaire favorise le respect de la tradition des vœux comme le prouve le nombre inhabituel de piétons en ville. Ils se pressent pour visiter leurs proches, leur apporter des étrennes et en recevoir. Echanger des souhaits de bonne année et de bonne santé aura permis à certains de se revoir, à d’autres de faire le plein de nouvelles ou de s’ennuyer ferme. La pluie de l’après-midi freine les achats de dernière minute qui avaient pourtant bien démarré.
Du côté des officiels, les réceptions du jour de l’An se déroulent selon un usage établi de longue date. Frédéric Diény, préfet, fait ouvrir les portes de la préfecture de 9h 30 à 10h 30 au moment même où Monseigneur Dubourg se consacre aux autorités municipales, cantonales, judiciaires et autres avant une série d'audiences ordinaires de 13h à 15 h. Le président du tribunal civil, Paul Razouër, reçoit au palais de justice de 9h 45 à 10h 45 alors que le général Quincerot, commandant la 13e brigade de cavalerie ainsi que des subdivisions de Montluçon et de Roanne, accueille chez lui, 94 avenue d’Orvilliers, de 10h 30 à 11h 30. Quelques-uns ont dû sillonner la ville pour satisfaire à toutes leurs obligations protocolaires et ne froisser personne.
Le lendemain, lundi 2 janvier, bien que non considéré comme un jour férié par un vote de la Chambre des députés, la plupart des administrations moulinoises, notamment la préfecture et la mairie, sont fermées.
Bonne année 2025 !
Louis Delallier