La guerre dure déjà depuis deux ans et demi et la récupération dans tous les domaines est devenue une affaire quotidienne pour améliorer l’ordinaire autant que faire se peut.
Un arrêté préfectoral du 13 février 1942 annonce que le ramassage des os de toute nature sera obligatoire dans les agglomérations d’au moins 2 000 habitants. Le maire de Moulins rappelle le contenu de cet arrêté dans une circulaire impérative.
Une première expérience est tentée à Moulins le 23 avril 1942. Les restaurateurs et les hôteliers concernés doivent donner chaque semaine les os provenant des repas qu’ils auront servis.
A l’hôtel de la Tour, Monsieur Bernard estime qu’il aura très peu d’os à remettre parce qu’il ne reçoit que de la viande désossée. Mais, s’il en a, il les conservera bien entendu soigneusement pour les ramasseurs.
A l’hôtel de l’Allier, Madame Marconnet ne dispose que de quelques poules et lapins de temps en temps lesquels ne constituent pas une contribution importante. Elle reçoit le plus souvent de la viande désossée de chez le boucher. Elle pourra donner des os de pot-au-feu en quantité négligeable.
A l’hôtel moderne, Madame Darmangeat vient de livrer un petit seau d’os à Monsieur Sabre ramasseur. Mais, son apport reste limité.
Au restaurant de la rue de la Flèche, Madame Ray peut également donner des os de pot-au-feu en petite quantité.
Mais, quel usage peut-on bien faire des os récoltés pendant une période de conflit armé ?
Le recyclage des os contribue à la fabrication de savon. 10 kg récupérés peuvent être transformés en 3 kg de savon. Cette alléchante proposition figure sur des affiches à l’attention de la population, invitée, elle aussi, dans certaines régions françaises à contribuer à l’effort de récupération des os.
D’autres utilisations se profilent qui paraissent plus en adéquation avec les besoins de la guerre. La gélatine issue des os, une fois travaillée, devient une colle facile à manipuler. Cette colle d’os confère de la solidité à l’assemblage des bombes, et même des avions. Un os broyé devient un ingrédient idéal pour la fabrication d’explosifs et d’engrais. Les affiches canadiennes de la seconde guerre mondiale annoncent la couleur ce que pouvait difficilement faire l’occupant allemand en France.
Louis Delallier