Il y a 79 ans, Moulins fêtait le 1er anniversaire de sa libération

On l’attendait avec tant d’impatience. La France se libérait petit à petit. Vichy, Montluçon et Clermont avaient fait tomber le joug allemand, mais pas Moulins. Et enfin, les 4, 5 et 6 septembre 1944, au prix de morts cruelles encore trop nombreuses, les forces de la liberté chassaient l’occupant, le cauchemar prenait fin et Moulins exultait.

Un an plus tard, malgré la douleur, les traumatismes toujours bien présents, les comptes pas encore réglés et les menaces planant sur l’avenir, la population afflue en ville pour se joindre aux célébrations officielles.

A 21 heures, le mercredi 5, une veillée commémorative se tient au monument des Fusillés de La Madeleine en présence du Comité local de Libération, du conseil municipal dont Henri Gromolard, maire, du Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, des Amis des Francs-Tireurs et Partisans Français, des groupes des Mouvements Unis de Résistance, des partis communiste et socialiste, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne de France), avec le concours de la Chorale ouvrière et de la Lyre moulinoise. Au nom de toutes les organisations de Résistance de Moulins, le délégué des F.T.P.F prononce une allocution-hommage. Le monument qui ne garde plus de trace de la dégradation de sa plaque subie au début du mois est illuminé de façon grandiose.

Le lendemain, une cérémonie réunit à nouveau les membres du Comité de Libération et du conseil municipal. Tous se rendent au cimetière, rue de Paris, pour déposer des gerbes et se recueillir sur les tombes de ceux qui sont morts pour défendre leur patrie et la République.

À 15 heures, c’est un grand cortège populaire qui se forme entraînant dans les rues*, au son de la Lyre moulinoise, le Comité de Libération, le conseil municipal, les représentants des administrations civiles et militaires, l’A.R.A.C. (Association Républicaine des Anciens Combattants), les maquisards, les prisonniers et décorés, les sociétés sportives, la CGT, les organisations politiques et autres associations ou sociétés de la ville.

Puis, le Palace-Cinéma, avenue Théodore-de-Banville, projette gratuitement deux films documentaires dont un sur la Libération de Paris, pour trois séances (17, 18 et 19 heures).

A partir de 19 heures, un bal public dynamise le quartier de la gare. En soirée, les sociétés sportives locales parcourent la ville**, flambeau à la main, où les magasins restent éclairés de 21h 30 à 22 heures.

Puis, un autre bal enflamme la place d’Allier tandis qu’on danse avec beaucoup d’entrain à l’hôtel Darmangeat, et ce depuis l’après-midi, avec l’orchestre Cri-Cri.

Ce même jour, car il ne faut pas perdre de vue les priorités vitales, l’Union des Femmes de France met en vente à son siège du cours Anatole-France 1 000 kg de poisson de mer. Cette aubaine est à mettre au crédit de Mme Martin, revenue de Royan où elle était allée porter des secours aux sinistrés. Elle a réussi à faire transporter à Moulins cet approvisionnement inattendu. Le Ravitaillement national qui ne peut rivaliser est vivement critiqué une fois de plus.

Le programme d'aujourd'hui pour le 80e anniversaire présente quelques similitudes avec celui de 1945 :

18 h : cérémonie commémorative au monument des Martyrs de la Madeleine

20 h 30 : retraite aux flambeaux pour les enfants

21h 30 : projection "Moulins à l'heure de la Libération".

Louis Delallier

*Cours Anatole-France, cours Jean-Jaurès, avenues Théodore-de-Banville, Meunier, rue de Lyon, boulevard Ledru-Rollin, rues Régemortes, Gambetta, de la Flèche, de l’Horloge, François-Péron, cours Anatole France et Jean-Jaurès.

**Place de la Gare, avenue Théodore-de-Banville, cours Jean-Jaurès et Anatole-France, rues de Paris, François-Péron, place de l’Hôtel-de-Ville, rues de l’Horloge, de la Flèche, Couteliers, de Lyon, avenues Alsace-Lorraine, d’Orvilliers, rue Régemortes, place Garibaldi, rue Blaise-Pascal, place d’Allier (marché couvert).