Au début du XIXe siècle, pour satisfaire les besoins en fausses chevelures, une industrie se développe pour récolter de vrais cheveux afin de les transformer en perruques.
Des prospecteurs représentant les vingt maisons qui exploitent cette industrie se déplacent dans les campagnes, d’abord en Normandie, Auvergne, Bourbonnais et Bretagne. Au fur et à mesure du temps, 19 départements reçoivent leur visite : Allier, Calvados, Cantal, Côtes-du-Nord, Creuse, Eure, Finistère, Haute-Loire, Haute-Vienne, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Manche, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Orne, Puy-de-Dôme, Vienne.
La récolte a lieu principalement en avril et en mai. On échange les cheveux coupés contre des produits divers comme des toiles de coton, des tissus imprimés, des mousselines et des calicots selon la région. Ils peuvent aussi être payés en argent et valent alors 10 francs le kilo. Le prix varie en fonction de leur nuance et de leur longueur. Les récoltes sont expédiées à Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon pour être traitées. L’expédition vers l’étranger se fait au départ de Caen et Beaucaire. La coupe annuelle des cheveux est évaluée à 100 000 kilos et sa valeur brute à 500 000 francs.
Le travail de nettoyage, de frisage peut faire monter le prix de la revente aux coiffeurs qui les transforment en postiches, jusqu’à 80 francs le kilo. C’est un commerce rentable, car une perruque de 100 grammes de cheveux est vendue 25 francs au client.
La ville de Moulins est régulièrement visitée par les « coupeurs » de cheveux. La récolte devait s’effectuer dans une petite boutique de la rue du Rivage ou de la rue du Pont-Ginguet, peut-être les deux. Les archives consultées jusque-là ne donnent pas de renseignement à ce sujet.
Louis Delallier