A Paris place de la Concorde, le 13 mai, est donné le départ de l’excursion Paris-Madrid organisée par l’Automobile club de France et le Real Autovile Club de Espana en marge de la grande course de vitesse qui doit avoir lieu les 24, 26 et 27 mai suivants.
Les 300 concurrents engagés dans la course de vitesse piloteront les premiers types de voitures spécialement construites pour l’épreuve et équipées pour la plupart de moteurs de 80 à 100 chevaux. Le parcours comprend trois étapes par Bordeaux et Vitoria. On attend des vitesses pouvant atteindre 100 km/h.
L’itinéraire des touristes, au nombre de 58, passe par Nevers, Moulins, Agen, et Saint-Sébastien à la frontière espagnole. Les étapes journalières couvriront 200 ou 300 km pour permettre l’arrivée simultanée des deux épreuves.
Pour éviter autant que possible les accidents, la commission organisatrice adresse une lettre aux maires des villes traversées. Il y est indiqué que des vitesses modérées en ville ont été prescrites aux conducteurs et il est expressément recommandé de prévenir du danger potentiel les populations riveraines du parcours.
Les voitures participantes sont repérables aux deux fanions l’un aux couleurs françaises, l’autre aux couleurs espagnoles qu’elles arborent et à leur écusson numéroté à l’avant ou à l’arrière. Les conducteurs portent un brassard brodé à gauche et les passagers (beaucoup de femmes) un brassard vert. Les bagages des concurrents sont transportés à chaque étape par les soins d’une agence. Dans chaque département, des affiches indiquent les endroits où il faut ralentir.
Le premier jour (étape de 397 km jusqu’à Royat), cinq voitures passent à Moulins. La première vers 13h 30 est un tonneau Bardon de 24 chevaux conduit par Monsieur Bardon. Le lendemain, 14 mai, les voitures se succèdent irrégulièrement depuis cinq heures du matin. On remarque que certaines sont luxueuses, d’autres monumentales comme celle du baron de Zuylen qui a déjà participé aux excursions Paris-Berlin et Paris-Vienne. La dernière automobile une voiture-tonneau Ducommun de 24 chevaux portant le numéro 23 est passée le 15 mai à 6h 30. Aucun accident ne survient à Moulins où la municipalité avait mis sur pied un service spécial de surveillance. L’un des excursionnistes regrette que certains aient voulu faire des prouesses en dépassant le 60 à l’heure. De Moulins, il dit n’avoir aperçu que la statue de Théodore de Banville.
La course de vitesse prendra, quant à elle, un tour dramatique et ce sera sa seule édition. Le nombre d’engagés est prometteur : 127 automobiles, 23 voiturettes et 47 motocyclettes dont des sportifs du moment et de nombreuses fabriques françaises et étrangères telles Ader, De Dion, Dietrich, Renault, Mors, Mercedes, Wolseley.
La course commence à Versailles le dimanche 24 mai à 3h 30 et s’arrête à Bordeaux sur décision des autorités à cause du grand nombre d’accidents (12 dont trois mortels qui couteront la vie à Marcel Renault (après son décès touts les véhicules Renault quittent la course) et à deux Anglais Phil Stead et Claude Barrow. La vitesse, la chaleur, la fatigue, l’imprudence des spectateurs, des ennuis mécaniques, même la poussière soulevée par les voitures auront été des facteurs de cette hécatombe. 76 abandons ont lieu. Les 3 premiers du classement sont Fernand Gabriel sur Mors Z en 5h 14 mn 31 s, Louis Renault sur Renault AK et Jacques Salleron sur Mors Z.
Louis Delallier