Jacques Pasquet, directeur de l’école de culture physique Desbonnet rue Candie à Moulins a tenu la vedette dans le monde sportif européen à la fin de l’été 1937.
Le Moulinois, déjà vainqueur du concours départemental à Montluçon est classé 6e au concours national à Paris en 1936. L’année suivante, le samedi 18 septembre 1937 au palais des sports de Paris, il reçoit coup sur coup le titre de plus bel athlète de France et, le lendemain, celui de plus bel athlète d’Europe. Il a 24 ans et a dépassé tous ses concurrents haut la main avec ses 206 points. Le 2e du classement, l’Italien Tino Crisa totalise 195 points. Le 3e est le Français André Rolet avec 186 points (vainqueur en 1935 à Vichy). Ils sont suivis du Suisse Pierre Cottier, du Français Jean Pitet, de Camilli et Pascal ex-aequo, du Belge Toussaint et du Britannique Heidenstan ex-aequo et du Français Berthier pour les 10 premières places.
Le tournoi est organisé par Émile Valtier, président de la fédération française de culture physique, sous le patronage du « Journal » et de L’Auto ». Le jury, présidé par Élie Mercier, comprend le peintre Van Dongen, MM Gauguet, Casting, Violet, Setta, les médecins André Vintre et Cordier et du professeur de culture physique Dimitri.
Avec son mètre 72,5, Jacques Pasquet est juste au-dessus de la taille limite pour concourir. Les mensurations de chacun font partie des éléments de jugement pour les jurés. Jacques Pasquet, en chiffres, se résume à :
70 kg
120 cm de largeur d’épaules
111 cm de tour de poitrine à l’état d’aspiration complète
90 cm de tour de poitrine à l’état aspirant
5 litres de capacité respiratoire au spiromètre
76 cm de tour de ceinture
38 cm de tour de cou
36 cm de tour de bras
29 cm de tour d’avant-bras
55 cm de tour de cuisse droite
36 cm de tout du mollet droit.
Il aligne les performances comme :
un épaulé jeté de 100 kg
6 km de nage en grosse mer
11’’ 3/5 pour courir les 100 m
2 m 96 de saut en longueur sans élan
55 kg arraché droite
1m 50 pour le saut en hauteur
11 m montés à la corde lisse en équerre et autres réussites
croix de fer aux anneaux
planche avant-arrière.
Deux années à l’école normale de culture physique de Paris, un entraînement quotidien, un régime et une discipline sans relâche auront fait de Jacques Pasquet le héros moulinois du culturisme et lui vaudront quelques invitations à venir démontrer ses qualités physiques et sportives comme il le fera au Palladium de Londres en mars 1938. Mais, il refusera les propositions de contrats même ceux reçus de sociétés de production cinématographiques américaines pour ne pas négliger sa famille.
Malheureusement, la guerre toute proche le conduira à un engagement actif dans la milice qui lui vaudra en 1946 une condamnation à perpétuité et la dégradation nationale. Plusieurs décrets diminueront sa peine et il sera libéré au bout de quelques années. Pour plus d’informations, vous pouvez vous reporter au livre de Bruno Perrot « Un devoir de mémoire – Le serment du chemin de Miran ».
Louis Delallier