Les journées commerciales moulinoises de 1934 ont lieu les jeudi 7, vendredi 8, samedi 9 et dimanche 10 juin. La salle du Pont-Ginguet (à l’arrière du Sacré-Cœur) accueille, pendant trois jours, 15 exposants qui ont pour mission de faire connaître et populariser l’emploi de l’électricité dans tous les domaines mais surtout domestique. Le directeur de la compagnie d’électricité de Moulins, Monsieur Sarrazin, et Monsieur Grégoire, ingénieur, favorisent l’usage de l’électricité qui doit, entre autres, remplacer progressivement le bois, le charbon et le pétrole comme mode de chauffage. Le maire de Moulins, René Boudet, attend de la Compagnie un effort supplémentaire pour abaisser encore le prix du courant.
Le syndicat d’initiatives, à l’origine de l’ensemble de la manifestation commerciale, avec son président Marcel Génermont, architecte des Monuments historiques et son secrétaire, le suppléant de Monsieur Chatron, et Monsieur d’Origny, propose aux visiteurs de nombreux écrits sur Moulins et sa région. Le stand est meublé grâce à la coopération des magasins Buvat et Fayard. Il est agrémenté de plantes vertes fournies par les établissements Franchisseur, 5 rue Philippe-Thomas. Les tentures viennent de chez Monsieur Durantin. La maison Clayeux a prêté un phono muni d’un pick-up relié avec les autres stands. Les disques proviennent de chez Fimbel, Démonet, Martin et Clayeux. L’animation de l’exposition est assurée par Monsieur Bouzin, commissaire général, et Monsieur Bizot, électricien.
La compagnie du gaz et de l’électricité dont le stand s’impose par sa taille fournit l’électricité à tous les exposants contre un prix modique de branchement. Tout est illuminé, presque à l’excès. Une cuisine fonctionne toute la journée grâce à la compétence d’un chef engagé par la Compagnie pour l’occasion. Sablés, madeleines, brioches, cakes, rôtis sortent de ses mains expertes et font les délices du public.
On se bouscule dans les allées pour découvrir les appareils domestiques qui facilitent la vie de leurs heureux possesseurs : réfrigérateurs, fers à repasser, cireuses, aspirateurs, ventilateurs, cuisinières, réchauds, etc.
La Société d’électrification rurale du Centre ainsi que celle du Haut-Morvan et les grandes maisons moulinoises sont représentées. Fimbel (place des Vosges), Bathelet (rue du 4-Septembre), Démonet ()18 place de l’hôtel-de-ville, Michel (6 rue du 4-Septembre), Martin (35 rue d’Allier), Tempier, Clayeux (54 rue des Potiers), Grémy, Merlet, Bizot, Sales (58 place d’Allier), chacune spécialisée dans des marques différentes, ce qui limite les effets de la concurrence et élargit le choix pour les clients. Bathelet, représentant la marque Philipps, promeut une lampe à vapeur de sodium qui donne une lumière jaune non aveuglante. Grémy met en valeur ses fers à repasser électriques, ses appareils de T.S.F. et un tout nouveau fourneau électrique. Chez Clayeux, c’est un résonateur dynharmonique Thomson qui est mis en vedette.
Les appareils de T.S.F. Marconi, Sonora, L.M.T., Pathé, G.M.R, Ducretet, Fornett ne sont pas les seuls à susciter l’intérêt. Chez Merlet, on trouve les réfrigérateurs Frigéco, les aspiro-souffleurs E.S.V., les réchauds et cuisinières Alsthom et aux Ets Bizot, dont le stand de lustres contemporains est rafraîchi par un ventilateur Calor orientable, les frigos Croslez. La maison Sales vend également des machines à coudre électriques tout en faisant de la publicité pour la maison Ungerer, l’as des horloges électriques, qui a conçu et construit, en 1933, l‘horloge astronomique de Messine**.
L’effervescence est grande tout au long de ces trois journées où la fée électricité est dans tous ses états et à portée de main si on a les moyens.
Le samedi, de 11 heures à midi, les officiels parcourent les étalages, tous aménagés par Monsieur Durantin pour les menuiseries et les tentures. Auprès de René Boudet, maire de Moulins, Messieurs Concasty, président, et Marion, trésorier, de l’association commerciale et industrielle, Fournier, président de la chambre de commerce, Dagois, vice-président du syndicat d’initiatives, Joseph Viple, président de l’Union des syndicats intercommunaux d’électrification de l’Allier et Bouxin, commissaire général de l’exposition. Au stand de la Compagnie du gaz et de l’électricité, monsieur Grégoire, ingénieur, et Gelfraye du service commercial, y vont de leurs explications techniques, assorties d’exemples de réussites comme l’éclairage de la moitié de la route Paris-Versailles gratuit pendant 10 ans. Un petit verre de Porto fait office de verre de l’amitié.
Un concours est ouvert à tous les visiteurs qui peuvent estimer le prix de la cuisson dans une cuisinière électrique d’un rôti pour 5 personnes et d’une tarte aux cerises. Monsieur Benoît, président de la compagnie du Haut-Morvan et Madame Bouxin en ont supervisé la réalisation et attestent du coût effectif qui est de 72 centimes. Monsieur Bouvet remporte le rôti.
Maniabilité, économie, simplicité, propreté, qualité de la cuisson sont mises en avant par les dirigeants de la compagnie d’électricité qui, de plus, ont fixé le prix du KW/h à 50 centimes pour qu’il ne soit pas un obstacle.
Parallèlement à cette propagande pour l’électricité chez soi, la compagnie du gaz et de l’électricité ne néglige pas la cuisine au gaz en organisant un semestre de vulgarisation du 12 avril au 30 septembre. Il comprend une campagne d’encarts publicitaires dans la presse, des cours de cuisine dans ses locaux de la rue Paul-Bert et des tarifs attractifs pour l’achat de cuisinières, de salles de bains installation comprise.
Louis Delallier
* Le Syndicat Intercommunal d'Electricité de l'Allier sera créé en 1936 avec Joseph Viple à la présidence.
**Voir mon article sur Frédéric Klinghammer, horloger de talent dont a bénéficié jacquemart.