Qui fut la belle Bourbonnaise en 1921 ?

Avril 1921, tout le monde en parle. Le comité des fêtes de Moulins veut élire une belle Bourbonnaise et le fait savoir par voie d’affichage. Le concours est ouvert aux jeunes femmes habitant les cantons de Bourbon-l’Archambault, Chevagnes, Dompierre, Le Montet, Lurcy-Lévis, Moulins, Neuilly-le-Réal, Souvigny et Yzeure. Moulins, la grande ville, peut présenter 4 candidates. L’exigence est d’avoir du charme, de la grâce, du mérite et « un peu de beauté morale ». Si ces demoiselles veulent des renseignements, il leur suffit d’écrire en joignant une enveloppe timbrée pour la réponse. Dès l’annonce du concours, les pronostics vont bon train dans les ateliers de couture qui font partie des catégories déterminées : couturières, modistes, lingères et tous travaux d’aiguille - vendeuses et employées, manutentionnaires de commerce en détail - employées aux écritures, dactylographes, bureaucrates - ouvrières des usines, fabrications, industries et maisons de gros.

Le jeudi 26 mai, sous la présidence d’Henry Bonnet, les membres du jury se rencontrent à 20h 30 pour confirmer les désignations des différents cantons : 

Jeanne Jacquet, 18 ans, 1m 70, cultivatrice chez ses parents à Neuilly,

Emma Serre, 15 ans, 1m 60, représente les agriculteurs du canton de Bourbon, lingère chez Mme Fourier à Bourbon

Marie Poupart, 20 ans, 1m 66, couturière à Bourbon pour les ouvrières du même canton

Lucienne Royet, 17 ans, 1m 67, modiste chez madame Taupiat au Montet où elle habite avec ses parents

Andrée Duclos, 16 ans, 1m 54, couturière chez Mesdemoiselles Talon rue Diderot, pour Yzeure

Yvonne René 18 ans modiste, pour Moulins comme les trois suivantes

Nathalie Artigaud, 20 ans, employée à la Société générale

Germaine Voisin 20 ans, 1m 59, couturière chez Mme Dupuis rue Voltaire

Jeanne Lafleur, 17 ans, 1m 66, modiste aux magasins du Sans Pareil, rue de la Flèche.

La défection de Nathalie Artigaud et la contestation des résultats concernant Mlle René imposent une nouvelle élection qui se déroule le 31 mai à l’Université populaire. Juliette Drure, 19 ans, 1m 64, ouvrière perlière chez Mériaud rue de l’Horloge et Jeanne Cécillon, 20 ans, 1m 67, vendeuse chez monsieur Roche aux Chaussures Pierre rue d’Allier, complètent la distribution.

A partir du jeudi 9 juin et la semaine suivante, le Palace-cinéma (av. Théodore-de-Banville), l’Eden-cinéma (5 rue de Villars) et l’American-cinéma (Cours Anatole-France) vont projeter le film* des neuf reines. Leurs portraits sur carte postale permettent de voter au public qui ne peut se déplacer. Il devra indiquer son ordre de préférence et dire combien de fois sa préférée aura été nommée première. Des récompenses pour les votants sont prévues. Les réponses au concours sont acceptées jusqu’au 30 juin. Une boîte spéciale a été placée à l’hôtel de ville.

Pendant cette période, les commerçants moulinois montrent leur générosité et leurs encouragements. J. Bussière, président de l’Union commerciale de Moulins, M. Auboire, directeur du Sans Pareil, Mathiaux, directeur des Nouvelles Galeries et P. Delaume, maison de blanc, donnent du tissu pour confectionner les toilettes des reines. Messieurs Artault, Macquaire, Sales, Beauvais, Schmidt, Langlois, Boussac, membres de la chambre syndicale de la bijouterie, offrent un souvenir à chacune d’elles.

La belle Bourbonnaise, Lucienne Royet, est élue avec 6 717 points et 513 voix. Des prix sont distribués aux neuf jeunes personnes : 500 francs/200/100/50/40/30/25 pour les trois dernières.

Le dimanche 10 juillet, c’est la consécration officielle avec leur participation à la fête des fleurs. Il revient à la belle Bourbonnaise de présider la soirée dansante au théâtre municipal dont les portes ouvrent à 22 h 30. Toutes les lauréates sont conviées. Les cartes valent 5 francs et sont disponibles chez messieurs Desboutin et Gaume rue d’Allier, Sales place d’Allier. Le montant récolté sera intégralement versé à la caisse pour la réalisation du monument aux morts de la guerre terminée depuis seulement trois ans.

La semaine suivante, les gagnants du concours de voix sont connus. Il s’agit de monsieur Pautrat à Paris (pronostic 543 voix pour la lauréate qui en a eu 542) qui recevra un mandat de 50 francs et de « Sapho » qui recevra 25 francs. Trente et un autres lots offerts par des commerçants de la ville sont également remis.

Louis Delallier

* Film réalisé par le comité des fêtes avec la collaboration de MM James, directeur de l’Eden-cinéma, et photographies de M. Capelli, photographe.