Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Jean Marin, un jeûneur original

Publié le 29 Avril 2016 par Louisdelallier in Portraits

Voici une manière hors du commun et quelque peu macabre de gagner sa vie !

Jean Marin, né en Espagne à Saint-Sébastien d’un père « écarteur » dans le monde de la tauromachie, émigre en France à Bordeaux où il se place comme garçon boulanger. Il a alors 15 ans. Il sait depuis des années qu’il est capable de résister à la faim pendant de longues périodes et s’en vante. Bien sûr, il parie et se fait enfermer dans une malle où il passe trois jours, replié, sans s’alimenter. Sa réussite le pousse à s’entraîner pour améliorer ses possibilités de jeûne. On dit de lui que sa poitrine est extraordinairement développée, que ses côtes sont très épaisses et même qu’il lui arrive de casser des noix ou des pierres sur son sternum avec un marteau.

Il s’est créé un personnage prêt à s’exhiber devant un public qui paiera le droit (50 centimes par personne) de le voir ne pas manger et ne pas boire !

Sa tournée de 1902 le conduit notamment à Valence en mars (sept jours sans manger), Grenoble en avril (dix jours) enfermé dans un cercueil, Saint-Étienne en juin (dix jours également), et enfin à Moulins. Partout, il rencontre le même succès.

Une salle spécialement choisie pour les familles, au n° 54 place d’Allier, accueille le phénomène et le cercueil qui lui sert de lieu d’exercice. Le cercueil est en chêne. Il est capitonné et son couvercle est vitré. Deux petites ouvertures près de la tête du jeûneur lui permettent de respirer.

Son impresario, Manus a convié les médecins et la presse pour l’expérience qui durera du lundi 23 juin au lundi 30. Un procès-verbal est dressé au moment de l’enfermement de Jean Marin dans son cercueil qui est ensuite scellé. Jean Marin a les jambes attachées par des bandelettes de toile, les bras libres et la tête posée sur un coussin. Au préalable, il s’est purgé.

Sont laissés, à portée de main, des morceaux de sucre, un flacon d’éther et plusieurs paquets de tabac. Il fume beaucoup malgré le peu d’espace à sa disposition et le renouvellement très limité de l’air.

Le public peut venir le découvrir à partir du mardi à 20h 30. Le mercredi, on note que sa température est de 37,5° et qu’il fait 29° dans le cercueil. Lors de sa sortie, à 20h 30 le lundi 30, il ne se plaint que de douleurs aux jambes (des masseurs ont l’habitude de s’occuper de ses membres à la fin de chaque prestation). Il boit sa rituelle coupe de champagne mélangé de limonade. Un deuxième procès-verbal est rédigé.

Il part de Moulins le 3 juillet.

On sait qu’entre deux démonstrations il se nourrit de cervelles de pigeons, consomme très peu de pain, boit du vin coupé d’eau de Seltz et jamais d’autre alcool. Il cesse de s’alimenter deux jours avant de commencer. Ensuite, pendant trois jours, il se contente de petites tasses de bouillon dégraissé.

Combien de temps a-t-il pu continuer son commerce invraisemblable ? Aucun des journaux consultés n’en fait mention.

Louis Delallier

Un nommé Jean Marin, artiste, était à Moulins en 1911 (voir mon article sur les scènes de rues). Il pourrait bien s'agir du même.

Commenter cet article