On sait depuis déjà longtemps que l’Allier n’est pas une rivière très fréquentable pour les bateaux autres que les canots ou barques.
Cela n’empêche pas Édouard Robert* d’envoyer son bateau à vapeur de Paris à Vichy en empruntant l’Allier en plein été.
En effet, le mardi 2 août 1892 au soir, le « Château-Robert », de 10 mètres sur 3, se retrouve bloqué en face de la brasserie, (approximativement à la hauteur du supermarché actuel). Le conducteur du bateau, après s’être ensablé à la hauteur de l’hippodrome, a dû faire marche arrière sur 100 mètres pour tenter de continuer de remonter la rivière. Mais il n’est pas allé bien plus loin.
Il faut tout mettre en œuvre pour permettre le passage du bateau sous le pont Régemortes où la navigation est quasiment impossible surtout de l’aval à l’amont à cause de la déclivité et de l’empierrement.
Le 5, en fin de journée, et malgré le recours à deux paires de bœufs, le vapeur n’a pas vraiment avancé.
Le mardi suivant, les curieux qui viennent aux renseignements apprennent qu’on a même creusé le lit de la rivière pour faciliter le départ.
Enfin, le vendredi 12, le pilote a mis la vapeur et fait escale à Nomazy… Il est signalé à Châtel-de-Neuvre le samedi dans la soirée. Le bateau devrait prochainement assurer le transport de passagers entre Vichy et Saint-Yorre.
Louis Delallier
* Édouard Robert, fabricant des biberons du même nom, est aussi le propriétaire des sources d’eau minérale « Château-Robert » de Saint-Yorre, ce qui explique la présence de son bateau dans notre secteur.
L’entreprise de Jean-Pierre Robert, inventeur du biberon à soupape (pourvu d’un tuyau entre le récipient et la tétine), est développée par son fils Édouard à la fin des années 1860 et domine le marché de l’allaitement artificiel pendant des dizaines d’années. Edouard Robert dépose son brevet le 22 septembre 1869 et crée une usine de fabrication à Paris. En 1873 à Paris, il obtient la médaille d’honneur à l’exposition universelle et internationale de la Société protectrice de l’enfance. En 1874, c’est la société protectrice de l’enfance de Marseille qui lui décerne une médaille et un diplôme.
Mais le biberon à soupape commence à avoir ses détracteurs, car son nettoyage difficile en fait un réceptacle à microbes très dangereux pour la santé, voire la vie, des enfants. Édouard Robert met au point des biberons à tétine sur le goulot dans les années 1890. Son entreprise commercialise tétines, téterelles, stérilisateurs, sucettes, tire-lait etc.
Un autre de ses héritages est le mot argotique « roberts » pour désigner les seins d’une femme.