Février 1901, un campement de nomades est établi route de Paris. Ses habitants sont accompagnés d’ours qu’ils montrent aux passants et à qui ils font réaliser quelques tours. Ce jour-là, ils se sont égaillés dans les chemins d’Avermes pour trouver du public. L’un d’eux tombe nez à nez avec le garde-champêtre qui exige de voir ses papiers. Mais le bohémien refuse avec véhémence et grossièrement. Il s’en retourne aussitôt auprès de ses compagnons qu’il prévient en criant dès qu’il est à portée de voix.
Les gens du voisinage, de Chavennes et des Groitiers, entendant le bruit accourent et s’interposent pour éviter que le groupe ne prenne la poudre d’escampette. Le garde-champêtre, qui veut consevrer un œil sur tout son monde, ordonne à un épicier ambulant en voiture, qui a terminé sa tournée, de prévenir la gendarmerie, laquelle arrive rapidement sur les lieux.
Lazare, 18 ans originaire de Serbie, est arrêté et conduit à la Mal-Coiffée, prison moulinoise, où il reste deux jours avant d’être jugé par le tribunal correctionnel pour outrage à un garde-champêtre. On découvre alors qu’il s’exprime dans un très bon français et même en argot. Il explique avoir dit seulement « ah ! m…ince alors » se sachant en défaut de papiers.
Le garde-champêtre fait état des injures qui lui ont été adressées. C’est pourquoi, Lazare passera six jours en prison. Ce ne sera pas davantage grâce à la plaidoirie de maître Guy-Coquille qui met en avant un argument choc : l’ours n’obéit qu’à son maître et il est donc préférable de ne pas l’en séparer trop longtemps.
Louis Delallier