Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Monument aux morts de la guerre 1914-1918 : du choix à l’inauguration

Publié le 11 Novembre 2016 par Louisdelallier in Guerre 14-18

Monument aux morts de la guerre 1914-1918 : du choix à l’inauguration

Presque quatre ans sont passés depuis l’armistice. On pense à honorer les morts de façon visible et durablement. Moulins fera donc ériger son deuxième monument aux morts après celui dédié à la guerre de 1870/71. Pour commencer, il faut créer un comité de souscription pour planifier et suivre le projet. Chaque jeudi, il se réunit de 17h 30 à 19 heures au 1er étage de la mairie. Ses délégués, nombreux, sont chargés de collecter les dons, préalable indissociable d’un projet de cette envergure.

Les commerçants, les industriels ou grands propriétaires se montrent généreux. La quête faite auprès des spectateurs du cirque Rancy les samedi 27 et lundi 29 mai rapporte 363 francs. On sait que le président du comité des fêtes, Henry Bonnet, a donné 100 francs au nom du comité. En juin, il existe déjà une liste de 7 000 noms avec les sommes versées pour la souscription. Il faudra encore plus d’un an et demi pour qu’un jury examine les projets qui lui sont soumis.

Le 9 février 1924, ce jury, présidé par Hippolyte Blanc, se réunit au lycée Banville. Ses membres sont tous éminents :

messieurs Brincourt, vice-président de la Société centrale des architectes, Buvat conseiller municipal, Coutheillas, sculpteur de la Société des artistes français, le chanoine Clément, membre correspondant du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Larmé conseiller municipal, représentant les familles des soldats morts, René Moreau, président de l’Association provinciale des architectes français, conservateur du musée de Nevers, Robert Perraut, président de l’AGMG de l’Allier, Ray, vice-président du comité, conseiller municipal et Gilbert Talbourdeau, vice-président de la Société des architectes diplômés par le gouvernement.

Pour examiner les trente-sept maquettes regroupées dans la salle des fêtes du lycée Banville, il faudra la journée, de 10 h à 12h et de 14h à 17 h. Les noms des auteurs ne sont pas donnés pour garantir l’objectivité du choix. La plupart des maquettes évoquent la cruauté de la guerre en mettant en avant la douleur, le sacrifice et l’héroïsme. On y voit des combattants, des femmes en pleurs, mais peu de soldats victorieux. Le carnage causé par les quatre années de conflit a dû freiner les envies d’ostentation. Chaque maquette porte une devise. Sont éliminées celles dont l’auteur n’a pas pris en compte le lieu d’érection du monument ou dont le coût de réalisation aurait dépassé les 100 000 francs prévus.

Le projet de Pierre Mouret*, architecte et Charles-Henri Pourquet*, statuaire est retenu avec plus de la majorité des votes.

Marius Saïn, statuaire à Paris, obtient la première prime de 4 000 francs. Adrien Mitton, architecte à Moulins et Jean Camus, statuaire à Paris reçoivent la deuxième prime d’un montant de 2 500 francs.

Henri Rapin, architecte à Paris, Jacques Marcel Rapin, architecte à Reims et Henri Bouchard, statuaire (auteur du monument de Trévol commémorant la chute du dirigeable République en 1909) se partagent la troisième prime de 1 500 francs.

Un délai d’un an est décidé pour l’achèvement du monument. L’entreprise Chaumette, chargée des fondations, commence le coulage du béton à la fin du mois de mai dans le jardin de la gare.

L’inauguration est fixée au dimanche 29 mars 1925. La veille, à 10 heures, monsieur Blanc, maire, et une délégation des membres de la 203e section des médaillés militaires se sont rejoints place Marx-Dormoy pour aller au cimetière déposer une plaque commémorative et des fleurs. A 10 heures le dimanche, une messe est dite à la cathédrale. À partir de 14 heures, le cortège se forme sur les cours près de la Préfecture. Il demande une solide organisation tant les délégations sont nombreuses. À 14h 30, le défilé vers le monument se met en marche, par rang de six personnes, drapeaux bien visibles : Lyre moulinoise - Pupilles de la nation - Veuves de guerre et ascendants - Pères et mères de famille dont les fils sont morts au champ d’honneur - Général Targe, délégué du ministre de la Guerre, à la tête des autorités civiles et militaires - Monsieur Gondouin, préfet de l’Allier - Monsieur Blanc, maire de Moulins - Messieurs Beaumont, Peyronnet, Régnier sénateurs, Boudet et Puechmaille députés - le conseil municipal au complet - le comité du monument - Association des mutilés - les anciens combattants - Anciens prisonniers de guerre - Cheminots anciens combattants - Des fonctionnaires - Délégations de l’école de gendarmerie et du 1er dragons - Médaillés militaires - Anciens combattants de 1870 - Vétérans des armées de terre et de mer - Membres de la Croix-Rouge - Société de secours mutuel des ouvriers et des ouvrières - Soutien fraternel des P.T.T. – la Solidarité - Mutuelle des garçons de café - la Prévoyante - Délégations des tanneries Sorrel et Depigny -Protection mutuelle des employés des chemins de fer  - Société d’émulation du Bourbonnais - Société de gymnastique la « Bourbonnaise » - Société de tir et de préparation militaire - Chevaliers de la gaule - Prévoyants de l’avenir - Alliance française - Comité des fêtes - Football club moulinois - la Chorale - Boule moulinoise - Retraités des chemins de fer - Assistance maternelle - Société des études locales - Ligue maritime - Légion moulinoise - Etoile moulinoise - Écho moulinois - Rallye bourbonnais - Jardins populaires - Vélo-club moulinois - Société vélocipédique moulinoise - Pères de familles nombreuses - Syndicat d’initiatives - Société d’escrime - Délégations importantes des élèves de l’enseignement secondaire - Enfants des écoles publiques et privées - Associations d’anciens élèves des écoles. La foule est massée tout le long du parcours.

Dans le square, les autorités civiles et militaires font face au monument. De chaque côté, sont rassemblés les pupilles de la nation, les veuves de guerre, les ascendants, les pères et mères de famille dont les fils sont morts au champ d’honneur. Vingt-trois drapeaux constituent une garde d’honneur.

Monsieur Blanc, maire, ôte le voile tricolore recouvrant la statue figurant la ville de Moulins éplorée. La Marseillaise jouée par la Lyre fait vibrer l’assistance. Ensuite, le maire de Moulins égrène les 508 noms des Moulinois morts pour leur pays. Au bout de chaque cinquantaine, Robert Perrault, président des mutilés, annonce « morts pour la France » et les drapeaux sont inclinés. A la fin de cette sinistre énumération, un roulement de tambours précède les deux minutes de recueillement. Le silence est de mise, comme souhaité par les anciens combattants et à l’instar de ce qui s’est fait à Besançon. Il n’y aura ni discours, ni dépôt de gerbes.

Le 11 novembre suivant, pour le 8e anniversaire de la victoire, un mémorial est inauguré au cimetière de Moulins portant les noms des soldats morts. L’idée de cette édification en revient à messieurs Planche, député, et Raynaud, président des Anciens combattants. Sur les dix projets qui lui ont été soumis, la municipalité a choisi celui de Marcel Génermont architecte.

Trois grandes plaques placées à gauche de l’entrée principale de la mairie, derrière les colonnes, honorent également les combattants de la Première guerre mondiale.

*Pierre Mouret, né à Yzeure en 1888 (mort en 1947), est l’auteur des magasins généraux de Casablanca au Maroc et de la gare d’Addis-Abeba en Éthiopie et de nombreux monuments aux morts.

*Charles Pourquet, né à Colombes en 1877 (mort en 1943), a aussi signé de nombreux monuments aux morts et il est l’auteur de la statue de Jules Renard à Corbigny.

 

Louis Delallier

 

*Pierre Mouret,  né à Yzeure en 1888 (mort en 1947), est l’auteur des magasins généraux de Casablanca au Maroc et de la gare d’Addis-Abeba en Éthiopie et de nombreux monuments aux morts.

*Charles Pourquet, né à Colombes en 1877 (mort en 1943), a aussi signé de nombreux monuments aux morts et il est l’auteur de la statue de Jules Renard à Corbigny.

11 novembre 1916 (Photo Louis Delallier)

11 novembre 1916 (Photo Louis Delallier)

Commenter cet article
L
Merci ! J'ai assisté à la cérémonie de vendredi au jardin de la gare. L'émotion ne peut plus être aussi intense presque 100 ans plus tard, mais le rituel a peu changé et l'assistance était nombreuse.<br /> Cordialement,<br /> LdL<br /> PS votre article sur les dix frères, de votre famille, appelés au combat témoigne bien de la cruauté de ce conflit et de toutes les guerres. La personnalisation permet de mieux mesurer la douleur qui a accompagné nos ancêtres et particulièrement ces femmes qui devaient tout assumer sans broncher. <br /> http://lepetitbourg-bonnais.blogspot.fr/2015/05/dix-freres-sous-les-drapeaux-article_47.html?spref=fb
Répondre
A
Très beau travail de recherche; votre article est assurément passionnant <br /> Cdt,<br /> A Cornieux
Répondre