Le quatrième Noël de l’Occupation vient de passer dans l’atmosphère pesante, angoissante d’un quotidien fait de privations de plus en plus difficiles à endurer pour une grande partie de la population et obscurci par l’absence de personnes chères, absence définitive ou pour une durée inconnue.
Mais, de « bonnes âmes » ont décidé d’adoucir la réalité en organisant une petite fête de Noël pour les enfants dont les pères sont encore absents, pour les orphelins de la guerre 1939-40 (puisque, pour eux, la guerre est terminée…) et pour les enfants des réfugiés sinistrés.
Le mercredi 29 décembre 1943, la délégation « prisonniers » du Secours national reçoit des dizaines d’enfants accompagnés ou non de leurs parents, au cinéma Le Palace que Madame Savajol a prêté. La salle a, bien entendu, été décorée aux couleurs du chef de l’Etat. Il est important que personne n’ignore à qui il doit ces moments hors du commun.
Messieurs Picot préfet de l’Allier, Dandé son chef de cabinet, Boudet maire de Moulins, Monseigneur Jacquin, le Chanoine Saulnier, directeur de l’enseignement libre, messieurs Dussourd maire d’Yzeure, Berquet, inspecteur d’académie, le commandant Sallantin délégué du Secours national, le général de Laclos et madame Machefer assistante sociale se font un devoir d’être présents pour afficher leur belle volonté commune. Le colonel Isch, responsable de l’organisation de l’après-midi récréatif, prononce une allocution, sans doute remplie d’espoir dans un avenir paisible et radieux.
Mademoiselle Léveillé dirige les tout jeunes pour leur présentation de danses mimées avant la projection du film, Les cinq sous de Lavarède avec Fernandel. Un goûter est servi à tout ce petit monde auquel, de surcroit, des cadeaux sont offerts. Ce sont de petits jouets récupérés dans plusieurs villes par monsieur Lasalle.
Les jeunes des équipes nationales assurent le service d’ordre pour une réussite complète.
Louis Delallier