La société des Badouillards semble être apparue à Paris après la révolution de 1830. Elle a été créée par des étudiants dans le but de faire la fête. Pour y entrer, il était nécessaire de réussir de solides épreuves qui soumettaient le corps et l’esprit à des pressions rudes : dîner, absorption de champagne, de punch et autres fortes liqueurs, duel, nuits à danser au bal.
A Moulins, le cercle de la Société des Badouillards qui existe depuis plus de 20 ans et qui a son siège cour Moret, au café Baquet, est autorisé par le préfet le 28 juillet 1851.
Ses membres appartiennent au monde de la basoche*, du commerce, de l’industrie et comprennent aussi des propriétaires. En 1855, la société des Badouillards est accueillie à la salle Mérié, boulevard de Pont (actuelle avenue Théodore de Banville), où se succéderont la maison Ligat et Caillat, la maison Darasse frères et l’OCP avant de devenir un parking.
Ce cercle faisait la noce bien souvent, des farces en tout genre, mais il savait donner des représentations et des concerts appréciés du public moulinois.
Vers 1858, les Badouillards s’essoufflent. Peut-être par nostalgie des bons moments, certains continuent à se retrouver au Café Denis (devenu café de la Renaissance) avenue de la gare pour évoquer leurs comportements débridés. Il est probable que les souvenirs des anciens ont éveillé l’idée chez les plus jeunes de fonder un nouveau cercle aux activités plus sobres. Au café de la Jeune France, le 20 juillet 1862, le Cercle philarmonique prend son départ. L’année suivante, il crée l’Orphéon de Moulins qui jouera son premier concert le 16 avril 1863 au théâtre. C’est l’ancêtre de la Lyre moulinoise née en 1868 après s’être appelée la Société philarmonique. En 1864, le siège de l’Orphéon passe rue de la Comédie.
Mais, le 15 août 1877, au café de la bourse place d’Allier, la société des Badouillards est définitivement dissoute par volonté préfectorale.
Louis Delallier
*Basoche vient du mot latin basilica : basilique, édifice public couvert où se rendait la justice. A la fin du XVe siècle, ce mot désigne la communauté des clercs du parlement de Paris, et au XIXe siècle il s’étend à l’ensemble des gens de justice et de palais de façon familière, voire péjorative.