Au n° 13 rue Ampère à Yzeure, en 2009, on pouvait encore lire l’inscription « COOP La Marque coopérative mondiale », vestige du passé. A cet endroit, se trouvait un magasin où on vendait toutes sortes de marchandises et en particulier des produits d’épicerie.
Avant la Deuxième guerre, c’est la coopérative de distribution La Prolétarienne qui occupe deux vastes bâtiments de 52 mètres de long sur 41 de large, comprenant des magasins, bureaux et caves autour d’une cour agrémentée de parterres et d’une pelouse. Dès le début de la guerre, la solidité de la construction des caves les font choisir par la Défense passive comme abri pour les élèves des écoles des Bataillots.
En septembre 1941, les restrictions compliquent sérieusement le commerce. La camionnette qui sert pour les livraisons aux succursales voisines est remisée sous un appentis. Seul le camion à gazogène assure les transports. Monsieur Boutry, grand mutilé du travail, ne peut que constater le déclin de l’activité de son entreprise. Il est administrateur délégué de la société depuis 1926 et a été nommé président-directeur- général depuis quelques mois. Il est également membre du conseil municipal d’Yzeure et de la commission de surveillance des prix.
La machine pour torréfier le café et l’ingénieux remplisseur de bouteilles sont à l’arrêt. La volumineuse empaqueteuse-ensacheuse électrique risque d’en arriver là à son tour. Les deux cuves de ciment de 156 hectolitres chacune, trois cuves de tirage de 70 hectolitres et cinq autres en tôle émaillée sont vides. Il reste toutefois des paquets de lessive, des articles de nettoyage, des allumettes, des bouteilles d’eau de javel, des lampes électriques, des pastilles de Vichy, du tapioca, des pâtes, un peu de riz, du savon, de l’huile, des haricots, quelques caisses de liqueur, un peu de champagne, un fût de cassis, des sacs de sel et du charbon.
Les quatre employés dont une guichetière continuent de tenir à jour les dossiers des membres de la coopérative. Chacun a droit à une ristourne au prorata du chiffre de ses achats. Il faut aussi gérer le fonds d’œuvres sociales qui octroie 100 francs au décès du chef de famille, 50 francs au décès de l’épouse, 50 francs à la naissance d’un enfant et qui finance directement des œuvres solidaires comme le Secours national et le dispensaire social.
En 1920, la coop recensait, 274 membres et annonçait un chiffre d’affaires de 266 810 francs. vingt ans près, ces chiffres ont considérablement augmenté : 2 653 membres et 5 472 618,75 francs de chiffre d’affaires.
En 1940, les ventes réalisées dans les succursales les classaient dans cet ordre : rue Gambetta (Moulins), rue des Pêcheurs (Moulins), Villeneuve, rue des Garceaux (Moulins), rue de Bourgogne (Moulins), La Madeleine (Moulins), place de l’hôtel-de-ville (Moulins), Thiel-sur-Acolin, Besson, Bresnay, Les Bataillots (Yzeure), Dompierre. Cette énumération montre la bonne implantation de la Coop qui rayonne jusqu’à 30 km d’Yzeure.
Louis Delallier