Du 15 décembre au 15 janvier, et ce depuis les années 1850, semble-t-il, les Cours se remplissent de baraques en bois. Fournies par un entrepreneur moulinois, de longueurs différentes, mais de même hauteur et de même largeur, tapissées d’andrinople, elles s’étalent du théâtre à la préfecture.
Les forains qui les occupent vendent tout le nécessaire pour satisfaire à la tradition des étrennes : jouets, coutellerie, confiserie, articles de bazar, produits exotiques, objets en bois découpés ou sculptés d’origine suisse, bonbons décorés, sucres de pomme, pralines, nougats présentés dans de belles boîtes avec papier en dentelle.
A la tombée de la nuit, les lampes en cuivre sont allumées sur les étals et mettent en valeur les joues rouges et les yeux bleus des poupées, les pantins, les polichinelles, les trains en bois, les bijoux en chrysocale (bronze qui peut être travaillé sous forme de fils) et la bimbeloterie la plus humble.
En cette fin 1900, les marchands se démènent pour attirer la clientèle en lui déversant des flots de paroles bonimenteuses. Et malgré ces efforts répétés, les affaires vont un peu plus mal tous les ans. Les chalands regardent sans acheter. Ils préfèrent les magasins de centre-ville à la concurrence sans concession alors que, quelques années auparavant, on reprochait aux commerçants non sédentaires de s’approprier la clientèle locale. Cette foire hivernale disparaîtra progressivement faute de clientèle.
Avec l’arrivée des marchés de Noël dans toute la France, les maisonnettes en bois ont réapparu à Moulins, voici une dizaine d’années. Elles sont toujours sur les Cours, mais seulement entre la rue d’Allier et la préfecture et pour la dizaine de jours précédant Noël.
Louis Delallier
Sources : Courrier de l'Allier et Bribes de souvenirs d’un Moulinois de Victor Ray