1912, mercredi 22 mai, la villa de Léonce Delinière, transporteur moulinois, à la Font-Vinée près des machines élévatoires, reçoit la visite de bien étranges cambrioleurs. Après avoir escaladé la clôture, ils cassent la vitre d’une fenêtre du rez-de-chaussée et s’emparent de miel et d’une centaine de soldats en carton colorié, souvenir de famille de monsieur Delinière.
Au bout de longues recherches, la police, dont le brigadier Blanc, découvre l’identité des voleurs et surtout leur âge (10 et 11 ans). Georges et Émile de la rue des Garceaux sont entrés dans cette maison par désœuvrement semble-t-il. En effet, une fois ressortis, ils gagnent Nomazy où, après avoir mangé le miel dérobé, ils se gavent de cerises cueillies chez un particulier. Puis, l’estomac bien plein, ils vont jusqu’à l’Allier pour y faire flotter les précieux soldats en carton, lesquels n’en demandaient pas tant !
Georges reconnaît les faits dont on l’accuse tandis qu’Émile avoue n’avoir fait que la courte échelle à son copain. C’est comme ça que Georges, avec l’accord de ses parents, sera placé à l’assistance publique. Sans doute n’est-ce pas sa première incartade. Mais, le remède, peut-être temporaire, est quand même très sévère.
La villa Delinière doit avoir un attrait particulier, car la nuit du 29 au 30 juin suivant elle est à nouveau visitée par des cambrioleurs, sans doute moins amateurs cette fois, qui repartent avec des bougeoirs et des lampes en cuivre. La presse ne fait pas état d’une arrestation les concernant.
Louis Delallier