Si la Première guerre n’a pas laissé de traces visibles dans Moulins et ses environs, elle a néanmoins disséminé quelques-uns de ces souvenirs cachés et très dangereux qui réapparaissent n’importe quand et n’importe où.
Le mardi 10 octobre 1922, deux ouvriers du négociant en combustibles Dumas (rue de l’Industrie) s’affairent en gare de débord à Moulins lorsqu’ils aperçoivent un obus de 37 dissimulé par un wagon. Cet obus s’avèrera ne pas être chargé.
Encore un mardi, le 23 septembre 1924, des ouvriers de la voirie nettoient les égouts de la rue de Lyon où ils trouvent deux obus de 75, l’un désamorcé, l’autre avec ogive et fusée. Le parc d’artillerie (à Yzeure, rue des Epoux-Contoux à proximité de la voie ferrée) se charge de l’enlèvement.
Vermillières, un peu au sud de Moulins, est un lieu de pêche bien connu des habitants. Le vendredi 13 mars 1925, vers 17 heures, quatre personnes viennent couper de l’osier au bord de la rivière, probablement avec l’intention d’en faire des paniers. A environ 100 mètres du château du Colombier, elles se réchauffent à un feu allumé avec des branchages. Un obus de 37 explose alors sous leurs pieds et tue Laurent Fourmann, 37 ans. Henri Charles, 33 ans, Marie Donaire, 20 ans et Jacob Schatz sont blessés.
Au même endroit ou presque, un obus avait déjà explosé quelques années auparavant sans faire de victimes.
Monsieur Place, cantonnier à Yzeure, remarque un obus de 37, près du pont des Bataillots, le mercredi 29 avril 1925. La mairie demande au parc d’artillerie d’intervenir.
Le mardi 11 avril 1933, un obus de 75 est vu entre le pont Régemortes et le pont de fer. Le parc d’artillerie est sollicité à nouveau. En août, le samedi 26, un nouvel obus, autrichien, est découvert dans la rivière à la hauteur de la rue du Pont-Ginguet par monsieur Ducroux chiffonnier rue du Rivage.
Monsieur Morel, serrurier rue de l’Industrie, travaille au pont de fer. D’en haut, il aperçoit deux obus dans la rivière. Monsieur Blandin, commissaire de police, informé du danger, alerte l’atelier de chargement (rue des Epoux-Contoux, en face du aprc d'rtillerie) pour faire enlever les deux obus. Nous sommes le jeudi 30 octobre 1934 après-midi.
Une négligence ? On pourrait le penser devant ces deux obus de 37 abandonnés passage Chamort découverts le mardi 22 février 1938. L’atelier de chargement les retire de la voie publique.
Après la Deuxième guerre, le danger est toujours présent et tout aussi imprévisible.
Samedi 2 août 1947, la sirène appelle les pompiers à la rescousse. Un feu s’est déclaré dans un champ à proximité de Montbeugny, à l’intersection des routes de Moulins et de Neuilly-le-Réal. Cette fois, il s’agit d’une explosion d’obus dans un enclos spécial où on désamorce et détruit les engins récupérés ici ou là.
Paul Véniat, 17 ans, est vacher chez monsieur Deschamps, cultivateur route de Clermont à la Madeleine. Ce mardi 20 août 1948, il garde les vaches de son patron à « Prends-y-garde », commune de Bressolles quand il se retrouve nez à nez, si on peut dire, avec un obus de 60, peut-être allemand. Nouvelle intervention des spécialistes locaux.
L’actualité nous apporte encore, de temps à autre, de nouvelles découvertes de ces machines fabriquées pour détruire et tuer dont certaines n’ont pas perdu leur terrible pouvoir de nuisance.
Louis Delallier