En 1947, les mères de famille sont accueillies au marché couvert, le dimanche 15 juin après-midi par Henri Gromolard, maire de Moulins, quelques-uns de ses conseillers municipaux, monsieur Rudler, secrétaire général de la préfecture et le commandant Sallantin. Le grand programmateur est monsieur Meyzonnade, secrétaire général de la mairie.
La Marseillaise, jouée par l’orchestre de l’école de musique sous la direction de monsieur Garcia, est entonnée par deux chœurs d’enfants du patronage laïque, dirigés par mademoiselle Léonelli.
Monsieur le maire magnifie dans son discours le rôle des mamans, déterminant, pondérateur. Il va jusqu’à parler « des milliards consacrés sans compter aux œuvres de mort. […] Si une partie de ces milliards criminellement dépensés étaient affectés aux œuvres de paix alors pourrait s’ouvrir une ère de bonheur ».
Henri Gromolard pourrait tenir le même discours aujourd’hui, malheureusement…
Après cet hommage, dix mères sont appelées à monter sur l’estrade, chacune accompagnée d’un de ses enfants qui lui offre une gerbe de la part de la municipalité. Une enveloppe leur est remise pour améliorer tant soit peu l’ordinaire avec des bons de déblocage pour des objets difficiles à obtenir, des bons de vêtements et un mandat de la valeur de ces bons. Et, bien entendu, des médailles sont distribuées :
Argent : Mesdames Boulon et Bourrachot, 8 enfants.
Bronze : Mesdames Cottais et Trapet, 6 enfants, Barrois, Berge, Decadi, Milcent, Trialloux et Verdier, 5 enfants.
Avant le goûter (pain d’épices, chocolat, bonbons, limonade), des danses orientales sont exécutées par les filles du cours complémentaire sous le contrôle de madame Auremboux et l’école nationale de musique de Moulins régale l’assistance de quelques airs minutieusement préparés. Le service pour les 1 100 enfants est assuré par les jeunes filles de la Croix-Rouge, de l’entraide française et de l’Union des Femmes françaises.
Sur la place de la Liberté, toute proche, des manèges ont fait la joie des plus jeunes.
Louis Delallier
*Cette fête, encore largement célébrée, aurait ses racines dans la Grèce Antique. Au XVème siècle, les Anglais consacrent deux jours du Carême au Mothering Sunday. En 1908, les États-Unis instituent le Mother’s day et contribuent ainsi au développement de cette fête, très vite répandue en Europe.
En France, le village d’Artas ambitionne d’être à l’origine de la fête des mères après les avoir associées, le 10 juin 1906, à une cérémonie en l’honneur des pères méritants. Le maréchal Pétain en a renforcé la symbolique pour consolider les valeurs de la famille.