Au début du siècle dernier, le motocyclisme se développe et a déjà sa fédération nationale créée le 3 mars 1913 : l’Union motocycliste de France* qui deviendra fédération française de motocyclisme (FFM) en décembre 1945.
Moulins suit le mouvement en fondant son moto club, le mercredi 30 décembre 1925, au cours d’une réunion au cinéma américain. L’adhésion donnera droit à toutes les manifestations de l’année.
Président d’honneur : commandant de Féligonde
Présidents honoraires : messieurs Robert et Mario
Vice-présidents d’honneur : messieurs Léveillé et James fils
Présidents actifs : messieurs Choquet et Gilliez
Secrétaire général : Louis Forgeroux
Secrétaire adjoint : monsieur Terrasse
Trésorier : monsieur Delaplanche
Trésorier adjoint : monsieur Meilheurat
Délégué pour la presse sportive locale et publicité : monsieur Meilheurat
Commission sportive et touristique : président, monsieur Maurice Midy, secrétaire, monsieur Gominet, trésorier, monsieur Moreau
Capitaines de route : messieurs Robiolio (propriétaire du café américain), Léveillé, Choquet
Commissaires : messieurs Josset, Gomot, Marcadier, Bottone, Faroux, Davault
Les statuts prévoyant la création de sections dans les environs de Moulins, on désigne des « chefs » chargés de communiquer avec le siège social à Moulins :
Bourbon-l’Archambault : monsieur Simonin
Cressanges : monsieur Burlaud
Dompierre : monsieur Mandon
Dornes : monsieur Dadolle
Gannay : monsieur Gilbert
Le Montet : monsieur Taupiat
Le Theil : monsieur Dufloux
Saint-Pourçain-sur-Sioule : monsieur Bourachot
Souvigny : monsieur Billiard
Thiel : monsieur Blandin
Treban : monsieur Chemel
Varennes : monsieur Allirand
Villeneuve : monsieur Mantoux
Pour sceller l’union de tous ses membres, le moto-club organise, à la fin de l’hiver, sa première sortie touristique de 87 km et 6 stations. Le dimanche 7 mars, on se retrouve au café américain sur le cours Anatole-France à 9 heures, juste avant un défilé en ville en direction du café Forestier, route de Lyon.
Conduits par monsieur Robiolio, capitaine de route, les motards roulent vers Varennes où, à 10h 30, monsieur Allirand, chef de groupe local, accueille ses confrères rue de Paris. Départ de Varennes à 11h 30 et arrivée à Saint-Pourçain-sur-Sioule vers midi. Là, monsieur Bourrachot emmène le groupe déjeuner à l’hôtel du Globe. A 14 heures, départ pour Treban où attend monsieur Chemel. Il faut une heure pour atteindre la destination. Une demi-heure plus tard, monsieur Dufloux reçoit les motocyclistes à Cressanges. Puis, c’est au tour de monsieur Billiard de les réceptionner à Souvigny. Il est 16h 30. Retour à Moulins à 17h 30 où un arrêt au bout du pont Régemortes, côté Madeleine, permet au groupe de se rendre au café américain à la queue-leu-leu.
En plus de participations à diverses compétitions comme le rallye Toneline qu’il organise en septembre 1927, le circuit des villes d’eaux en 1930 et le circuit de l’U.C.M. en 1931, le mot-club s’amuse comme en témoigne ce bal apache du 28 novembre 1931.
Malgré les critiques (les apaches étaient des bandes criminelles du début du XXe siècle à Paris qui pouvaient terroriser tout un quartier), ce thème quelque peu subversif est maintenu.
Afin de bien faire les choses, il est demandé aux participants de se vêtir en apache, c’est-à-dire de porter une casquette, un foulard voyant, un pantalon pattes d’éléphant, une veste courte et cintrée, et pour les femmes le petit tablier rouge de la fille des rues. Pour ceux qui n’auraient pas prévu de tenue spéciale, des casquettes et foulards sont mis à disposition à l’entrée de la salle du Trianon-dancing où un coiffeur spécialiste œuvre à faire « des têtes » à partir de 20h 30.
Pour agrémenter la soirée, un jury attribuera des prix aux danseurs les plus en accord avec le thème choisi et le public pourra voter pour les deux meilleures tenues. Des prix seront distribués aux gagnants :
Poupée Gigolette** (Louis Forgeroux de l’agence Havas) et exposée dans la vitrine de sa créatrice Mademoiselle Perrier à l’angle des rues de l’Horloge et d’Allier
Robe (monsieur Cazé, directeur du Palais du Vêtement)
Chapeau (Ballini modes)
Mantille espagnole (directeur de l’Artistic-cinéma)
Serre-tête (monsieur Blachon vendeur de motocyclettes)
Une paire de bas de sport et une paire de chaussettes de sport (monsieur Teston-Vigne)
Une paire de pantoufles (Henri Boutruche marchand forain de chaussures)
3 fauteuils au palace-cinéma (monsieur Métivet)
Caleçon (monsieur Cherrier)
Liseuse et deux boîtes de phosphatine (pharmacie Fallières)
Lot de bouteilles de liqueur (maison Fournier)
Promenade en moto pilotée par monsieur Chambard (vainqueur en 580 du dernier circuit)
Nécessaire à barbe
Le jour dit, un samedi, à 21h 30, c’est l’affluence. Le succès est assuré. L’éclairage blafard réalisé par monsieur Bijon, électricien, donne l’ambiance. La décoration de la salle (prêtée par sa propriétaire madame Desroches) est pensée dans ses moindres détails. Les tables du buffet ont été remplacées par des tonneaux fournis par la maison Hivet et Depigny.
Vers 22h 30, alors que le bal bat son plein, l’animateur de la soirée fait une entrée bruyante. On entend des coups de feu, une dispute, des cris mis en scène pour plonger l’assistance dans un semblant d’attaque apache et se faire peur pour rire. Peu après, l’apache rentre dans le rang et boit une coupe de champagne avec monsieur Marquais, président du comité des fêtes invité par le M.C.B., la reine du carnaval 1932 et les organisateurs.
Ensuite de quoi, le jury composé de messieurs Marquais, Cazé, Chérion représentant l’Echo du Centre, Forgeroux Havas et Chambard, et le public attribuent leurs prix respectifs.
1er prix femme : Léonie Isybert en gitane de cabaret (voyage offert par l’U.M.C. dans une voiture officielle à l’occasion de son grand prix de régularité 1932).
1er prix homme : Henri Boutruche se voit offrir le même prix dans la catégorie masculine.
2e prix femme : Miss Édith modiste de Bourges en « parfaite marcheuse » (poupée Gigolette)
2e prix homme : monsieur Gaudichet, président de l’U.M.C en costume blanc (nécessaire à barbe).
Après un défilé masculin improvisé et fort réussi et une exhibition de java classique par Marlou du bal des amis des arts de Vichy et ses partenaires, le bal reprend pour ne se terminer que vers 5h 30.
La mesure de la réussite de la soirée est aussi donnée par la présence des dirigeants du moto-club du Berry et de la Nièvre, des animateurs artistiques du groupe des officiers d’Avord et de deux parisiens incognito dont un occupant un poste important dans le monde sportif.
Louis Delallier
*Moulins adhère à l’UMF en avril 1928
**poupée habillée de façon provocante avec cigarette à la bouche, pendant de la poupée « Gigolo »